Le Sillon de Camaret-sur-Mer, la promenade incontournable

En premier plan, la plage du Corréjou.

Le Sillon du port de Camaret-sur-Mer lors d'une marée basse à fort coefficient.

La dérive littorale, toujours en cours, dépose des galets, parfois de la taille d'un ballon de rugby, au croisement du môle et la fin du sillon. Les jours de tempête, c'est le mur de la chapelle qui est cliblé de ces galets. Le sable n'est pas en reste...

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Le Sillon de Camaret-sur-Mer est un cordon de galets et graviers accumulés par la mer par la dérive littorale qui dépose ceux-ci et les accumulent sur un fond rocheux un peu plus élevé que les fonds marins voisins. Cette barre naturelle a le talent de briser les agissements de la mer qui devient calme à souhait côté côte /quais. L'installation humaine et la création de la localité qui s'ensuivit sont probablement dues à cette protection maritime naturelle. Un port devenait une évidence. Les sillons sont nombreux en rade de Brest et sont tous le fait, chacun à sa manière, à des courants qui déplacent les pierres et les entreposent quand ces courants sont insuffisants pour poursuivre les déplacements. Le sillon du Fret est l'autre exemple de cordon aménagé en presqu'île de Crozon.

En des temps où la religion prend en main le destin des individus, l'idée de construire une chapelle sur ce cordon protecteur permet d'associer l'idée d'une protection divine qu'il faut prier régulièrement. La crête du cordon est donc sommairement empierrée lors de la construction de la chapelle (première version) en 1183.

Jusqu'en 1689, les différentes versions de la chapelle, reconstructions partielles ou entières, sont les seuls bâtis isolés. Désormais le Sillon devient militaire par l'élévation de la Tour Vauban et de ses batteries extérieures afin de tirer aux canons sur les escadres ennemies qui voudraient mouiller dans l'anse de Camaret-sur-Mer. Cette fois ci, un chemin haut carrossé est tracé afin d'assurer une circulation matérielle et militaire correcte. Autre ajout militaire, la CAM 59 de la première guerre mondiale, une base d'hydravion pour la lutte anti-sous-marine.

La pression de la pêche, les besoins de rentabilité, la modernisation du port, même lente, commence à changer l'allure du Sillon qui devient un lieu de construction navale de plus en plus nourri avec baraquements, cales de mise à l'eau... Vers 1813, une digue est ajoutée à l'extrémité du Sillon pour mieux fermer l'entrée du port et briser la houle résiduelle.

L'agitation débutant à la fin du 19ème siècle (vers 1870 – dans le Finistère, premières constructions des conserveries de sardines), elle devient inquiétante pour certains qui aimeraient le respect esthétique des lieux comme en 1932. Le souhait de voir le Sillon inscrit sur la liste départementale des sites est espérée. L'organisme des ponts et chaussées n'obtempère pas dans ce sens et laisse se poursuivre le développement économique avec un conseil de modération. La modération étant sujette à interprétation, les aménagements humains ne cessent de croître avec une élévation, puis une bretonnisation et enfin un enrochement du côté mer plus ou moins appréciable aujourd'hui. Le temps de la pêche s'est évaporé au bénéfice de la plaisance qui bénéficie des vertus protectrices du Sillon qui est devenu la promenade touristique incontournable de Camaret-sur-Mer avec son cimetière de bateaux aléatoire.

Régulièrement, le Sillon fait l'objet d'une intention de remise en état plus ou moins naturelle (1946 – 2014 – 2024...). L'activité de réparation de navires, d'entretiens variés, étant achevée, plusieurs bâtiments sont déconstruits, d'autres sont en devenir méconnus... La Tour Vauban étant inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco depuis 2007... Une simplicité devient une vue raisonnable si ce n'est que la suppression de certains vestiges de béton aurait une certaine résonance pécuniaire qui amoindri les ambitions.