La cadastre napoléonien est établi pour mettre de l'ordre dans les rentrées fiscales car jusqu'alors les données recueillies proviennent des actes notariés qui n'ont pas toujours la régularité nécessaire. Les notaires étant favorables à leurs clients les plus fructueux (Noblesse), l'Eglise n'étant pas très scrupuleuse quant à répertorier ses biens, omettant certaines terres pour éviter les prélèvements ou inversement se déclarant propriétaire à tort (nombreux procès falsifiés durant des siècles), et sachant que la roture n'est pas sensée être propriétaire terrienne comme peut l'être la noblesse alors que dans la réalité des roturiers sont propriétaires – franc-fief.
Quelques régions de France ont déjà un cadastre / compoix / plans terriers sans unités de mesure généralisées. La notion de contribution foncière est effective au 1 janvier 1791 (décret des 23 novembre-1er décembre 1790) mais sans cadastre précis la décision est difficilement applicable. Les nouvelles communes ont un devoir de planifier leur territoire (sans harmonisation des méthodes de relevé), la mise en place est disparate en France. La Bretagne tarde à en accepter le principe. Le décret de Napoléon Ier du 15 septembre 1807 impose la rigueur – arpentage et l'obligation.
Les communes de la presqu'île de Crozon sont donc amenées à fournir un cadastre qui va néanmoins tarder. Ceci est relativement accepté par la population qui voit enfin des droits de propriété reconnus car la noblesse subsistante s'imagine encore être possédante par le droit de naissance. L'inconvénient non négligeable est l'impôt qui en découle. Les presqu'îliens les plus pauvres vont cultiver les mauvaises terres sur des surfaces exiguës. Une noblesse extérieure à la presqu'île achète ce qu'il y a de plus rentable... La rentabilité n'étant pas si évidente, les anciens manoirs sont acquis ensuite par des bourgeois des villes bretonnes qui tentent le placement foncier. Ces derniers jettent l'éponge et se séparent des manoirs en ruines, de terres sous exploitées... Enfin, les cultivateurs les plus aisés déconstruisent les ruines et en font des fermes... Progressivement de déclassement en déclassement, les biens reviennent aux agriculteurs "moyens"... La démocratisation des terres aura duré un siècle et demi...
La publication du cadastre napoléonien en presqu'île de Crozon
Argol : 1833 en usage jusqu'en 1960.
Camaret-sur-Mer : 1830 en usage jusqu'en 1973.
Crozon : 1830 en usage jusqu'en 1974.
Landévennec : 1831 en usage jusqu'en 1935.
Lanvéoc : 1830 en usage jusqu'en 1963.
Roscanvel : 1830 en usage jusqu'en 1958.
Telgruc-sur-Mer : 1831 en usage jusqu'en 1957.
Loquenole 1803, Combrit 1803, les deux premières communes du Finistère à disposer d'un cadastre harmonisé. Ces deux communes pourraient avoir suivi l'arrêté du 30 juin 1802 émanant du Consulat.
De nombreuses communes du Finistère publient un nouveau cadastre avant la seconde guerre mondiale suite à la loi du 16 avril 1930 qui exige un nouveau relevé – cadastre rénové. Crozon est la dernière commune du Finistère à se séparer du cadastre napoléonien en 1974...