Morgat un port, une cité balnéaire en presqu'île de Crozon

L'estacade de Morgat. Depuis longtemps, l'aménagement des quais de Morgat ont privilégié des avancées sur la plage. Une sorte de défi face à la mer, une reconquête du front de mer... Réalisation de la passerelle piétonne version 2014 : 644 420 € HT.

Morgat a vite existé dès la présence humaine en presqu'île de Crozon et ceci d'autant plus, dès que les hommes surent naviguer pour pêcher et se nourrir de leur pêche. Le port est installé dans un retour d'anse protégé par la pointe naturelle du Kador. Les barques étaient échouées sur le sable parfois vaseux et l'on vivait de part et d'autre d'un petit estuaire d'une zone humide appelée le Loc'h.

Le style de vie développé au travers des siècles fut celui que toutes les populations littorales vivaient autour de la baie de Douarnenez. Cette vie s'organisa bien mieux par la colonisation romaine dans les premiers siècles après Jésus Christ. Ainsi au 2ème et 3ème siècle, les habitants sous domination romaine développèrent une industrie commune à toute la baie, la fabrication d'une sauce de poisson appelée garum qui se préparait à base de maquereaux. Cette recette méridionale importée était donc reproduite sur la côte pour être en grande partie exportée dans la région.

Les intrusions Barbares de 259-260 après JC, imposèrent aux Romains d'instaurer une vie de garnison en bord de mer. Ce rythme mi-militaire mi-civil va être permanent selon des intensités diverses jusqu'en 1945. Les Morgatois seront impliqués dans la défense de leur territoire et cela marquera de tous temps les esprits : la crainte d'un débarquement ennemi espagnol, anglais, va installer des fortifications, des batteries, des troupes...

Parallèlement la pêche de la sardine puis tardivement celle du thon assurèrent un minimum vital souvent proche du dénuement. Les propriétaires des barques sardinières pendant longtemps vivaient grassement au bourg de Crozon et contrôlaient une centaine de d'embarcations de trois tonneaux au port de Morgat. Au 19ème siècle, certains patrons pêcheurs parvinrent à l'autonomie mais ce fut pour tomber entre les mains des conserveurs industriels qui achetèrent les sardines à bas prix pour les transformer en sardines à l'huile.

La pêche s'effondra, le tourisme était sensé reprendre le relais. Une nouvelle aristocratie financière menée par Armand Peugeot tenta une grande spéculation sur les terrains côtiers dans l'espoir de créer une station balnéaire. L'opération s'avéra décevante, Morgat reste depuis entre deux eaux sans pour autant manquer de charme.

Des liens tendus avec Crozon.
Chacun vous dira qu'être Crozonnais ou Morgatois, ce n'est pas la même chose, ce n'est pas la même vie et si Crozon a fait vivre Morgat il y a bien longtemps, aujourd'hui Morgat fait vivre Crozon par son tourisme, uniquement son tourisme malheureusement.
Dans un grand élan d'indépendance, les Morgatois avaient eu l'espoir que leur "patrie" fut érigée en commune. En finir avec les dénominations Crozon-Morgat... Morgat tout court, rien que Morgat, ceci au début du 20ème siècle. Le sous-préfet de Châteaulin exigea qu'une commission syndicale d'érection fut constituée pour qu'un vote fut organisé, un référendum local avant l'heure... Exécution dans la suspicion en octobre 1927 à l'Abri du marin. 227 votants s'exprimèrent pour une érection communale, une majorité stupéfiante ! Oui mais voilà que le vote subit une contestation des autorités crozonnaises : il n'y aurait jamais eu 227 Morgatois en mesure de voter... On aurait invité une certaine jeunesse de St Hernot, au prix d'une gratuité de transport et d'un pichet de vin à voter en faveur de Morgat. D'ailleurs à St Hernot, on ne se sent toujours pas Crozonnais...
L'affaire capota sur les dures réalités des finances, être commune c'est être autonome par l'impôt... Ce n'était pas le cas. La mairie de Crozon cumula ainsi plusieurs frondes dont la plus célèbre est l'indépendance de Lanvéoc.