Le château de Rulianec
Monsieur Heurteau de la région parisienne acheta une parcelle
de terrain sur les hauteurs de la Pointe de Rulianec.
Dans certaines sources réputées fiables, Mr Heurteau aurait épousé une
fille Peugeot et aurait ainsi construit cette demeure sur un terrain de
famille.
Cette information est fausse, voici ce qu'écrit le petit-fils de Monsieur
Heurteau :
"Monsieur Heurteau, mon grand-père, avait épousé non pas une Peugeot,
mais Charlotte Nélaton, fille du docteur Charles Nélaton et petite-fille
d'Auguste Nélaton, chirurgien de l'Empereur Napoléon III."
L'architecte Gaston Chabal ayant travaillé pour la famille Peugeot précédemment,
celui-ci prend en charge les plans d'une maison d'un style architectural
dit breton. Cette demeure fut construite en 1927 à une époque où la pointe
de Rulianec n'était pas boisée. Les habitants de Morgat prirent vite l'habitude
d'appeler cette maison bourgeoise "le château" tant sa silhouette
paraissait imposante sur un sommet exempt de toute végétation haute, le
tout surplombant l'anse de Morgat, au-dessus des grottes.
Plusieurs films furent tournés à Rulianec, par exemple
:
• Bruno Solo et Thierry Fremont château de Rulianec dans le
film de Jean-Pierre Mocky : 13 French Street d'après le roman éponyme
de Gil Brewer. 11 jours de tournage pour une sortie en novembre 2007.
Une jeune-femme s'ennuie avec son mari riche, un amant pourrait se débarrasser
du gêneur... Un manoir pour décor... Camaret, Crozon, Landévennec furent
des décors participatifs.
• Marina Foïs et Mathilde Seigner, pour la bonne cause du film «
Maman » d'Alexandra Leclère, séquestrent Josiane Balasko, leur mère, dans
le château de Rulianec en juin 2011. La plage du Portzic fut aussi un
lieu du tournage ainsi que les parages du fort de la Fraternité.
• "Melody", film de Bernard Bellefroid (2014) avec
Rachael Blake et Lucie Debay. Melody accepte de porter l'enfant d'une
autre pour de l'argent mais ce qui devait être une affaire financière
devient une affaire de cœur... Melody fait une pause réflexion en
presqu'île de Crozon et tout particulièrement au château de Rulianec.
Dans le parc de la villa, un bunker allemand de type VF2d - un abri de personnels et de communication dont l'une des deux pièces fut perforée par une bombe américaine quelques jours avant la libération de la Presqu'île de Crozon. Plan type : regelbau verstärkt feldmäßig (vf) 2d gruppenunterstand schußsicher wellblech. Voûtes tôle métro.
Société anonyme de la plage de Morgat – Peugeot
Louis Richard, représentant de commerce en montres et casquettes
séjourne à l'hôtel Hervé
en 1883 face à l'anse de Morgat. Ce n'est pas simplement un commercial,
il est aussi un investisseur qui à cette époque fait construire un hôtel
à Dinard. Ce ne sont pas ses revenus personnels qui lui permettent tant
de décaissements, par contre, son épouse, liée à la famille Peugeot, peut
largement se le permettre bien que cette illustre famille industrielle
ne se soit pas encore intéressée à l'automobile (1891) à cette date.
De retour, dans le Doubs, le prospecteur informe Armand Peugeot du potentiel
immobilier de Morgat qui au delà du port jusqu'à la colline de Rulianec
est vierge de toute construction. Les terrains sont agricoles. Armand
Peugeot accompagne Louis Richard à Morgat pour une visite des lieux qui
comblent d'aise l'industriel. Le 5 janvier 1884, les statuts de la société
immobilière Louis Richard et Compagnie sont déposés officiellement et
désignent les membres suivants : Les cousins Peugeot (Eugène et Armand),
Charles Lalance et Louis Richard. Le notaire Emile Pelliet de Crozon est
commis pour acquérir tous les terrains du bord de mer entre Morgat et
le Portzic. Les paysans se contentent de prix qui leur paraissent mirobolants
et qui sont bien sûr modiques, ignorant ce qu'est la spéculation immobilière.
Les terrains du Portzic font l'objet de reventes juteuses. Après la construction
de villas modestes surnommées les petites
gares, celles-ci sont mises en location. L'argent récolté permet à
Armand Peugeot de contacter les architectes Chabal père et fils (protestants
eux-aussi) pour lancer des programmes immobiliers importants entre hôtels,
villas de villégiature et de location.
Les Peugeot comptent sur leur carnet d'adresse et leur notoriété pour
transformer le Morgat port de pêche sardinier en station balnéaire avec
une idée précise, celle de ne pas se mélanger avec le peuple. Pour attirer
les princes, les capitaines d'industrie, les aristocrates, la société
immobilière stipule clairement dans ses textes une interdiction de commerce,
d'activité indigne du grand monde tel que la restauration, les écoles,
le sanatorium... dans le périmètre imparti. Gaston Chabal en fait les
frais avec son plan d'un casino à Morgat. Morgat ne sera pas Deauville,
la famille Peugeot s'y oppose.
La société change de nom à plusieurs reprises :
Société civile de la plage de Morgat en 1903 ;
Société anonyme de la plage de Morgat en 1913.
Suite à des rumeurs d'intérêts avec l'ennemi de la Société anonyme de
la Plage de Morgat, Armand Peugeot publie un communiqué en forme de droit
de réponse, communiqué qui permet de connaître précisément la situation
de la société au 5 novembre 1914.
"La Société anonyme de la Plage de Morgat appartient aux actionnaires
dont les noms suivent :
Armand Peugeot, industriel, officier de la Légion d'honneur, président
d'honneur de la Chambre syndicale des constructeurs français d'automobiles,
ancien vice-président du Conseil général du Doubs ;
Mme veuve Eugène Peugeot, à Hérimoncourt (Doubs). M. Eugène Peugeot, officier
de la Légion d'honneur, était de son vivant gérant de la Société des Fils
de Peugeot frères, et conseiller général du Doubs ;
Mme veuve Charles Lalance, à Montbéliard (Doubs). Feu M. Lalance était
maire de Montbéliard en 1870, chevalier de la Légion d'honneur, a été
emmené comme otage par les Allemands et emprisonné à Rastadt ;
Charles Breitling, substitut du procureur de la République à Saint-Quentin,
actuellement lieutenant au 24e régiment d'infanterie ; a été grièvement
blessé près de Reims, le 19 septembre. Il est maintenant en congé de convalescence
à Morgat. A été proposé pour la Légion d’honneur à cause de sa belle conduite
au feu.
Philippe Kreiss, ingénieur à Paris, lieutenant d'artillerie alpine, actuellement
dans les Vosges, a été cité à l'ordre du jour de sa division après plusieurs
combats auxquels il a pris part.
Adolphe Kreiss, ingénieur à Paris, administrateur directeur des Brasseries
de la Meuse, chevalier de la Légion d'honneur (père du précédent).
Alfred Fallot, chevalier de la Légion d'honneur, ancien gérant de la Société
les Fils de Peugeot frères à Valentigney (Doubs), demeurant à Lausanne
(Suisse). A un fils sous les drapeaux.
Adolphe Péchin, hôtelier à Morgat, né à Dampierre-les-Bois (Doubs) ; fait
partie de l'armée territoriale et accomplit, son service comme conducteur
d'automobiles.
Les administrateurs de la Société sont :
Mr A. Peugeot, président délégué ;
Mr Charles Breitling ;
Mr Ph. Kreiss ;
MR A. Fallot.
Le Grand Hôtel de la Mer a été construit sur les plans et sous la direction
de Mr G. Chabal, architecte à Brest. Les travaux ont été exécutés par
des entrepreneurs du pays dont les principaux sont : Mr A. Leroux, à Crozon,
et Mr Kéralun, à Quimper. Le conseil d'administration a confié la direction
de l'entreprise à Mr A. Péchin, né à Dampierre-les-Bois (Doubs), et à
Mme Péchin, son épouse, née Marguerite Seigneur, native de Beaucourt (territoire
de Belfort). Les statuts de la Société sont déposés chez Maître Kervern,
notaire à Crozon, à qui l'on peut s'adresser pour tous renseignements.
L'entreprise est donc essentiellement française, tant pour les capitaux
engagés dans l'affaire que pour la direction.
A. Peugeot."
Charles Breitling, gendre d'Armand Peugeot, prend les rênes de la société
et devient exigeant jusqu'à exercer des pressions sur la municipalité
de Crozon pour que Morgat soit détaché et bénéficie de l'eau courante,
de l'électricité et du téléphone de toute urgence. Le magistrat n'hésite
pas à demander l'annexion de Lostmarc'h et tous les hameaux voisins, hors
le Cap de la Chèvre militarisé et peu apprécié alors. Un politicien local,
propriétaire d'une villa, Antoine Bott, s'en mêle et réclame le démantèlement
de la commune en 1926... La station balnéaire doit être un îlot de fortune
qui s'amuse du pittoresque des Morgatois pauvres comme Job. A contrario,
des emplois de serviteurs, de chauffeurs, de lavandières sont créés mais
ces domestiques peinent à parler français, le breton étant leur langue
maternelle. L'essor économique tant espéré n'est donc pas pleinement au
rendez-vous d'autant que ce séparatisme quartier pauvre, quartier riche
est mal vu par la population. Une nouvelle donne apparaît dans le jeu.
La commune est dorénavant classée comme station touristique, certes, ce
n'est pas une station balnéaire réputée à l'international mais ce nouveau
statut octroie des taxes de séjour bien utiles aux finances communales.
La séparation de Morgat est définitivement enterrée au grand soulagement
de la municipalité qui avait perdu des terres en faveur de Roscanvel et
de Camaret dans d'autres affaires administratives guère plus reluisantes.
Le lotissement est ensuite géré sur plan par un entre-soi sans jamais
atteindre la notoriété tant espérée. Les congés payés, la démocratisation
de la voiture...
La société anonyme de la plage de Morgat est dissoute en 1992. Une nouvelle
société anonyme est constituée le 10 juillet 1992 mais elle ne concerne
que le Grand Hôtel de la Mer ancienne propriété Peugeot.
Les villas de la station balnéaire de Morgat
Armand Peugeot octroie à son gendre une parcelle de terrain dans le lotissement de sa compagnie immobilière. Charles Breitling fait appel à l'architecte Gaston Chabal très en vogue à Morgat et bénéficiant déjà de la réputation de son père, Abel Chabal, ayant construit la villa Bellevue du beau-père, pour fournir un plan d'une villa en 1928. La construction de la villa Ar Maner aux allures traditionnelles date de 1930.
Antoine Bott*, ancien cafetier de Brest, se reconvertit
en politique en tant que radical socialiste et fut conseiller régional,
conseiller municipal à Crozon mais ne parvint pas à être député et ceci
avant la première guerre mondiale. Il fut aussi secrétaire général des
Bleus de Bretagne. Cet homme engagé est l'instigateur de la construction
de l'abri du marin de Morgat en 1904 qui fut bombardé à la fin de la seconde
guerre mondiale.
L'association des Bleus de Bretagne se veut une représentation radicale,
anticléricale plus encline à intégrer en politique des hommes issus du
peuple qu'une élite bourgeoise. L'association défend l'école pour tous,
les élections proportionnelles. Créée à Paris en 1899, elle se développe
en certaines villes de Bretagne avant de disparaître après la première
guerre mondiale.
Les Crozonnais appréciait cet homme qui s'intéressait aux problèmes locaux
des plus démunis.
Cet élu local n'appartenait pas à la nouvelle aristocratie industrielle
qui rêvait de transformer Morgat en cité balnéaire luxueuse. Cependant,
il s'offrit des terrains jouxtant "le territoire" de la famille Peugeot
pour y construire une villa haute et de belle allure qui surplombe l'anse
de Morgat. Le chantier daterait de 1898. Le nom de la villa Ker Lisanton
est la contraction de Lise (son épouse) et d'Antoine. Monsieur Bott décrivait
sa villa comme une "petite maison d'été" qu'il occupa jusqu'à sa mort
en 1933. Une de ses filles adoptives de Paris en hérita.
Cette maison dispose d'un "chateau-d'eau" dans la "tour" qui colle la
façade arrière de la villa. Les toits récupéraient les eaux de pluie grâce
à des gouttières qui alimentaient un réservoir. Du haut de ce réservoir,
l'eau récoltée alimentait les robinets de la maison avec une pression
suffisante. L'eau courante n'existait pas alors.
*Propriétaire du Grand café de la Terrasse à Morlaix
et du café Brestois à Brest. Au delà d'une carrière politique en demi-teinte,
il fut officier de l'instruction publique, directeur de la « Bretagne
Nouvelle », vice président des « Bleus de Bretagne », président de la
délégation cantonale du canton de Crozon, membre du Conseil d'administration
de l'office des pupilles de la nation, président du conseil d'administration
de la Caisse locale du Crédit Agricole, président du Syndicat d'initiative
et du comité des régates de Morgat. Meurt à 76 ans à Paris en 1933. Est
inhumé à Morlaix.
Cet homme avait défrayé la chronique en voulant se présenter en politique
en ayant servi sous les drapeaux en Suisse en étant résidant français.
Il était issu d'une famille protestante suisse. Un retentissant procès
orchestré par un candidat adversaire, lui fut cependant favorable, le
tribunal jugeant l'attachement français de Mr Bott suffisant et réel.
Antoine Bott se présente donc à la députation en 1910 en tant que radical
socialiste. Le député maire de Châteaulin Halléguen d'une gauche plus
modérée est pourtant favori contre le journaliste maire de Locronan, le
conservateur Daniélou. Le premier tour positionne Daniélou en tête mais
en additionnant les voix d'Halléguen et de Bott, Théodore Halléguen est
vainqueur ! Bott se retire mollement et tardivement :"Je me désiste de
la lutte engageant mes électeurs à toujours voter pour le candidat qui
représente la république laïque."
La campagne fait rage. Charles Daniélou soudoie des loueurs de voiture
de proposer leurs services à Halléguen en presquîle pour empêcher le député
sortant de rejoindre les salles des réunions.
Tout se joue à Crozon, le fief de Bott. Des affiches douteuses sont collées.
Daniélou offre des tournées dans les troquets et reprend les critiques
de Bott à l'encontre d'Halléguen : mollesse, sans éloquence, sans programme...
Bott est discret dans son soutien au candidat de gauche. L'argent du conservateur
coule à flot.
Le report se passe mal en presqu'île. Certains électeurs de Bott votent
Daniélou et c'est ce dernier qui l'emporte le 10 mai 1910 et devient député
du Finistère. Une procédure d'annulation est enclenchée mais n'aboutit
à rien sous le prétexte que les actions de Daniélou étaient "liées aux
mœurs du moment". La tournure évoque l'état d'esprit de la 3ème République.
Charles Daniélou, anti-dreyfusard notoire, fut deux fois député et trois
fois ministre tout en changeant de bord politique en cours de route...
Théodore Halléguen, avoué à Châteaulin, ne se remit pas de la défaite
et ne fut donc qu'une seule fois député sans jamais avoir oeuvré à la
moindre proposition au parlement, sans jamais avoir pris la parole dans
l'hémicycle, ce qui mettait en rage Antoine Bott.
Antoine Bott ne connut aucun rebond dans sa carrière politique, certains
ne lui ont pas pardonné sa candidature à la députation.
A l'époque, Crozon n'avait aucune représentation politique établie, Antoine
Bott fulminait de ce désert idéologique. Aucun réseau local enraciné.
Une terre oubliée politiquement ce qui laissait un large champ aux électeurs
de voter selon leurs humeurs sans complexe !
La villa "le Cottage" est un plan de l´architecte Aimé Freyssinet (1881-1947) "promoteur du béton armé et de l'art nouveau", frère d'Eugène Freyssinet illustre concepteur du pont Albert Louppe, il fut aussi le premier architecte brestois diplômé d'Etat de Brest. Auparavant, l'expérience suffisait pour se déclarer architecte. La première mise en chantier de la villa date de 1910 mais le bâti fut repris et étendu juste avant la seconde guerre mondiale par du béton armé, ce qui était novateur à l'époque.
La villa Ker Maria est commandée par un conservateur
de bibliothèque Parisien Pierre Lavallée qui connaît Gaston Chabal et
invite ce dernier à dessiner les plans sous certaines recommandations
esthétiques. Le commanditaire attend une tonalité anglaise et bretonne,
la spécialité stylistique de Gaston Chabal. Un mélange aristocratique
et rustique qu'il faut concilier sans heurter. Deux tendances architecturales
qui plaisent à l'époque de la naissance de la cité balnéaire de Morgat.
Ce seront les architectes Abel Chabal (père) et Gaston Chabal (fils) qui
seront les architectes de ce grand projet réalisé en 1908. Gaston Chabal
est l'architecte Brestois, protestant à la mode. Il est l'auteur de la
plupart des villas morgatoises.
Gaston Chabal choisira pour part le mobilier "à l'anglaise" qui se transmettra
de propriétaires en propriétaires.
La façade ensoleillée, côté mer, donne toute l'ampleur à l'élévation.
Côté rue, à l'ombre, l'aspect est simplifié, presque austère sans pour
autant être négligé dans les détails, bien au contraire.
La villa existe toujours et se cache partiellement derrière de grands
pins. Une descente privée permet l'accès à la plage.
La villa est construire sur l'ancienne batterie côtière dite du Milieu
ou Ty Du.
La Villa Bellevue fut la propriété d'Armand Peugeot.
La famille Peugeot est alors manufacturière de petits objets domestiques
métalliques entre les baleines de corset, les ressorts, les pièces horlogères,
les moulins à café, les outils de jardinage, de bricolage...
Armand Peugeot est invité par l'investisseur négociant Charles Louis Richard
a créé une société immobilière à Morgat pour transformer le petit port
de pêche en cité balnéaire. Suite à deux visites enthousiastes, l'industriel
convainc sa famille d'investir. La société immobilière Richard et Compagnie
achète des centaines de parcelles à des prix défiant toute concurrence
puisque les propriétaires ruraux ignorent tout de la spéculation immobilière.
Pour le plaisir du bord de mer et asseoir le projet de station balnéaire,
Armand Peugeot se fait construire une villa en matériaux traditionnels
sur une parcelle de son lotissement. Selon les sources la date varie entre
1882 et 1884. La maison est confortable mais déplait à Mr Peugeot car
du rez-de-chaussée, il ne voit pas la mer, un comble puisque la mer est
à peine à 40 mètres. Il ordonne que la maison soit détruite et que la
prochaine villa soit reconstruite en même place mais surélevée. La démolition
est une occasion de revendre les pierres qui vont être réutilisées dans
la construction de la villa Bel-Air à proximité. Il confie le chantier
à Abel Chabal (père de Gaston Chabal) parce que celui-ci est protestant
- il est en effet le seul architecte protestant de Brest. Celui-ci exécute
les ordres avec soin sachant que des dizaines de villas sont prévues dans
le quartier dit Peugeot. La nouvelle version est plus en hauteur, fait
moins appel à la pierre traditionnelle et incorpore un nouveau matériau,
le béton, ceci en 1906.
Si les affaires industrielles passées à la fabrication de bicyclettes
puis d'automobiles sont prometteuses, l'investissement immobilier morgatois
vire tout doucement au flop financier et Armand Peugeot frôle la faillite
après l'élévation des hôtels. Si quelques villas sont bien construites,
les reventes de terrain sont poussives, tardent, ne se font pas aux prix
escomptés. La bourgeoisie renâcle, Morgat est loin de tout... La société
change de nom plusieurs fois au fil des changements de l'actionnariat.
Après la mort d'Armand Peugeot (1849-1915), le gendre Charles Breitling
(1881-1958 - époux de Madeleine Peugeot 1887-1952) gère au mieux la déconfiture
et devient propriétaire de la villa qu'il vend quatre plus tard à un ingénieur
parisien Philippe Kreiss (1887-1963). Ce dernier est tout simplement son
beau-frère, l'époux (1912) de Germaine Peugeot (1889-1977), fille d'Armand...
Le centralien avait été "invité" à prendre la direction d'une des usines
Peugeot pour éviter le morcellement de l'empire mais, cela ne se réalise
pas, il prend la succession de son père Adolphe Kreiss (1854-1931), directeur
général des Brasseries de la Meuse, autre empire industriel de Bar-le-Duc
mais aussi membre du conseil d'administration de la société Peugeot automobile...
La villa reste donc dans la famille... La villa existe toujours.
La Villa Ker ar Bruck est entièrement métallique,
constituée de plaques galvanisées.
Cette maison fut livrée démontée en provenance de Paris et serait une
récupération d'un théâtre provisoire. Les matériaux furent transportés
par train jusqu'à Brest, par bateau jusqu'au Fret et en charrette jusqu'au
terrain.
Le procédé de tôle emboutie aurait été imaginé par un ingénieur Belge,
Joseph Danly et breveté en 1887 en Belgique.
D'autres sources parlent d'une société américaine présente au pavillon
Chicago lors de l'Exposition Universelle de 1899 à Paris à proximité de
la Tour Eiffel. Une société qui aurait vendu des maisons en kit en Amérique
du Sud en jouant de la notoriété Eiffel acquise par la participation à
la fameuse exposition.
D'autres sources encore associent la société de l'ingénieur Belge qui
aurait vendu sous licence son brevet aux Américains.
L'originalité de la conception démontable aurait attiré le propriétaire
Maurice Desmaret qui a acheté une parcelle de terrain aux Peugeot voisins
et amis. La famille Desmaret restera propriétaire jusqu'en 1969 et aura
ajouté une véranda qui n'existait pas à l'origine.
L'acheminement des tôles embouties aurait été effectué par train jusqu'à
Brest puis par charrettes jusqu'à Morgat.
La maison privée actuelle est un monument historique depuis janvier 2004
car unique en son genre en France, les quelques autres exemplaires français
ayant été détruits.
La villa Ker Bili fut construite sur un terrain "Peugeot" vendu à un Notaire de Châteaulin, Maître Riou, époux de Mademoiselle Pelliet, fille du Maire de Crozon (1872-1882), lui-même notaire souvent au service des affaires immobilières de la famille Peugeot. La villa fut détruite par un bombardement américain lors de la seconde guerre mondiale et reconstruite en 1949 par une descendante de la famille Riou.
Voisine de Ker Bili, la petite villa "Les Embruns" à toit plat est construite en 1913 par Paul Pelliet, capitaine d´infanterie à Quimper. Paul Neron de Surgy, ingénieur, en hérite au titre de gendre. Le bâti est détruit par un bombardement américain de la seconde guerre mondiale. La reconstruction se fait en 1958 sous l'égide d'Antoinette Neron de Surgy de Landerneau.
Le baron Joseph Salvain de Boissieu se fait construire
une villa à Morgat en 1931. Le baron est issu d'une famille anoblie en
1720 en Dauphiné. A l'époque, il vit au château de Tronjoly à Gourin en
Morbihan.
Cette villa à "l'ombre" du Grand Hôtel de la Mer est élevée pour "voir
la mer". Une villa "tardive" s'insère à la lisière du quartier
"Peugeot".
Suite à des changements de propriétaires, le nom de la villa évolue de Boissieu
à Kerflahel, ce dernier fut valorisé par la famille Coutras...
La villa Corn ar Hoat date de 1926 d'après les plans
de Gaston Chabal. Mademoiselle Gabrielle Landormy avait expressement demandé
à l'architecte de la simplicité avant tout. A la fin des travaux, elle
remercia Chabal par lettre pour sa diligence, lettre conservée par l'architecte
avec attention. Sur le portillon sombre de l'entrée de la propriété, Corn
ar Hoat était peint en grand avec des lettres blanches, visibles de loin
!
Le Philosophe Alain, alors compagnon de Gabrielle, y séjourna fréquemment
avec délice selon lui, ceci avant leur première rupture de 1928. D'ailleurs
la villa est souvent appelée maison Alain et elle se situe rue Alain en
Morgat.
Gabrielle Landormy (1898-1969) nièce et fille adoptive de Paul Landormy,
ami d'Emile Auguste Chartier (1868-1951) – le philosophe Alain – rencontre
son futur mari en 1906 durant des vacances avec la famille Landormy à
Trébéron. En septembre 1928, Gabrielle conçoit une première rupture...
La relation amoureuse est tumultueuse. En 1929, elle part au Etat-Unis.
De 1929 à 1930, Alain écrit 70 poèmes à Gabrielle. Gabrielle fait un bref
séjour au Pouldu le 23 septembre 1939 alors qu'Alain souffre de rhumatismes
déformants qui immobilisent le philosophe dans un fauteuil roulant, puis
retourne aux Etats Unis. Elle revient en s'engageant dans l'armée du Maréchal
Juin lors de la campagne d'Italie (1944) en tant qu'infirmière et participe
à la libération de Paris. Le couple se reforme. Le mariage est prononcé
en décembre 1945.
La villa Pen ar Trez, en seconde bordée, est une réalisation de Gaston Chabal des années 1930 environ qui met en valeur le parti pris de l'architecte d'ajouter des éléments décoratifs "venus" d'Angleterre. La clientèle de Gaston Chabal raffolait de ses ajouts et était assurée d'avoir une touche unique à Morgat. Etre dans le vent, sans copier le voisinage telle était l'attente exhaussée.
La villa Ker Kreis fut une propriété Marcel Clément jusqu'à la revente.
La plupart des villas se situe dans le quartier de Kerigou.
Après plusieurs statuts depuis sa création en 1883, la
société immobilière (Richard) de Morgat devient anonyme en 1912. Cette
fois Armand Peugeot, le principal intéressé tient la société et exige
que les nouvelles constructions de la station balnéaire gagnent en cohérence
architecturale, à ce titre, il nomme Gaston Chabal qui a déjà œuvré dans
le quartier Peugeot, en tant qu'architecte coordinateur de la société
anonyme de la Plage. Ce dernier rédige un cahier des charges rigoureux
dont les articles d'interdiction sont nommés «Prohibition». Les quelques
architectes qui ont des projets de villa pour leurs clients ne doivent
pas s'éloigner de la vision Chabal qui de son côté poursuit les constructions
de ses propres plans.
1915, décès d'Armand Peugeot. 1918, Charles Brietling, gendre investisseur
dans la société immobilière, reprend les rênes et transforme le Morgat
bourgeois en salon mondain très hiérarchisé. A chaque niveau de fortune
correspond ses réceptions, ses fréquentations. Il y a les régates, les
concerts. De discrets visiteurs tels que la reine d'Italie, le roi d'Egypte
et une multitude d'affairistes aristocratiques Russes animent les soirées
internationales. Agitation estivale qui s'éteint à l'arrivée de l'automne.
Les pêcheurs de Morgat deviennent les gardiens des villas fermées pour
l'hiver (en été, ils sont cochers, marins des grottes ou de toutes les
corvées) et quant aux épouses, elles perdent leur travail temporaire de
cuisinière, femme de chambre, gouvernante pour les plus présentables jusqu'au
prochain été. Les Morgatoises les moins avenantes se contentent de faire
le ménage en hiver. Cet entre-soi convient aux propriétaires qui ne rêvent
pas davantage que d'un beau quartier chic qui leur soit dédié. La présence
d'hôtels n'a d'intérêt que pour les loueurs de villas.
Gaston Chabal ne semble pas avoir perçu ce repliement souhaité, il propose
à la société qui l'emploie la construction d'un casino en 1923 d'après
un plan de 1920 conservé aux archives municipales de Brest. Un grand bâti
à 4 pans plongeants, très années folles, très Chabal aussi, une longue
terrasse surélevée au-dessus de la mer et un pavillon faisant salon «
flottant » sur l'eau de l'anse de Morgat. Le plan n'a pas dû beaucoup
servir, le refus des membres de la société et celui des propriétaires
indépendants est catégorique. Pas question non plus, de bains, de thermalisme
ou d'animations excessives, toutes ces caractéristiques à la mode dans
les stations balnéaires de l'époque ne sont pas envisagées de sorte que
le golf prévu ne verra jamais le jour. Dès lors, l'expression Morgat station
Balnéaire utilisée dans les publicités touristiques des années 30 est
quelque peu surfaite. La société immobilière a spéculé, rentabilisé ses
acquis par l'exploitation d'hôtels sans réelle intention de transformer
Morgat en une Deauville finistérienne.
Enseignant, conférencier en économie et en sociologie,
Max Lazard (1875-1953) fils de l'un des fondateurs de la banque Lazard,
lui même fondateur en 1910 de l'Association internationale pour la lutte
contre le chômage, se fait construire la villa Penn ar Bed en 1927 sur
30 hectares de terres boisées ou de landes qui d'après certaines sources
étaient au nom de la banque Lazard. Plutôt que de s'enfermer sur sa propriété,
ces terres sont libres de passage pour qui veut s'y promener. Cette attitude
contrevient à celle des propriétaires des villas « Peugeot » à l'Est de
Morgat qui tout au contraire construisent des murs et des clôtures autour
de leurs propriétés et n'aspirait à aucune ouverture envers la population
ou les touristes. La villa Lazard à l'Ouest, tout au bout de Morgat, devant
le môle, est accessible par un escalier, provenant des quais en contrebas,
qui possède une marche gravée « Penn ar Bed ». A l'époque de la construction,
les pêcheurs qui y séchaient leurs filets se virent déplacés sur ordre
de la direction des ponts et chaussées propriétaire de la bande de terrain
longeant l'arrière quai, ceci à l'instigation de l'ingénieur Mougenot
soutenu dans sa démarche par le maire de Crozon qui en référa au préfet
en 1926.
Première villa extérieure aux lotissements de la cité balnéaire, elle
est réalisée par des artisans locaux pour la plupart : Entreprise Offret
pour le gros œuvre, électricité Camerer, plomberie Fabien, peinture Mammani
. Certains noms ont encore une résonance locale. La maison construite
sur les terre dite du « champ de bataille » emploie un gardien du nom
de Jean Laouénan.
Lors de la seconde guerre mondiale, à sa toute fin, un bombardement américain
détruit les quais partiellement et l'hôtel de la Montagne en voisinage.
Les fils Simon et Didier Lazard se font construire respectivement les
villas Bruck Ar Lann et Gwell Kaer à la place de l'hôtel.
En 1998, la villa Lazard est en feu, les autorités locales viennent sur
place et le chef pompier déclare toute la difficulté de circonscrire le
sinistre. Le gardien avait réussi à mettre à la cave certains objets selon
la presse locale de l'époque. La villa Penn ar Bed est reconstruite et
fait partie désormais du patrimoine local, un peu à part, comme l'avait
souhaité son premier propriétaire.
MSL : Max Sophie (Ellissen) Lazard.
La Villa "La Roseraie" de 1907 élevée pour le Sieur Renaud ayant une extension en véranda de 1930, étant à l'ombre du château de Rulianec, a pour particularité de présenter des décorations en briques et carreaux en listel en céramique inattendus à Morgat.
La villa du soldat !
De nombreuses demeures chics, tout particulièrement
à Morgat, ont été réquisitionnées partiellement ou en intégralité par
l'armée allemande d'occupation entre 1940 et 1944. Une occupation partielle
consistait à loger un officier dans la plus belle chambre avec un accès
privilégié à toutes les commodités. Les propriétaires étaient invités
à se serrer dans les pièces secondaires, voire dans les combles. La réquisition
complète évinçait les occupants français qui devaient se reloger ailleurs
avec néanmoins un défraiement compensatoire versé dans les premiers temps
de la guerre avec une grande régularité puis de manière aléatoire ensuite.
Ainsi, un couple ayant une villa au cœur du quartier de villégiature de
Morgat, se vit notifier une réquisition totale de leur bien qui se trouve
face à l'anse. Passé, le choc du désagrément de l'éviction manu-militari,
les propriétaires s'interrogèrent sur la destinée de leur maison.
Après la libération du 19 septembre 1944, le couple revint dans ses murs
méconnaissables. Tout était sali, détruit, dans un désordre inextricable
avec des bouteilles d'alcool vidées dans tous les coins. Odeurs de sueur,
de crasse, de tabac... Plus étonnant encore, des écussons, des décorations,
des grades, quelques uniformes dépareillés, des casques, mais que s'était-il
donc passé ?
Comme dans tous les lieux de guerre fixe, une maison du soldat fait partie
de l'équipement de combat de base. Les filles de Brest arrivaient par
vedettes allemandes et les militaires germaniques se défoulaient sur les
recrues féminines contre la piécette. Un lieu de débauche qui n'était
pas le seul de la presqu'île, chaque commune avait le sien.
L'abandon des insignes s'expliquait par la peur de l'armée allemande d'être
exécutée par la troupe américaine libératrice et vengeresse selon la rumeur.
Les fiers Allemands perdirent de leur superbe après le débarquement en
Normandie, après la capitulation de la forteresse de Brest. Il n'était
plus question d'être un gradé décoré et encore moins un gradé nazi.
Bien des Allemands tyranniques de l'occupation se sont fait passés pour
des pères de famille enrôlés dans une guerre qui les écœurait soit-disant.
Une fois faits prisonniers, ils furent emmenés dans des camps de Brest
afin que les autorités américaines puissent faire le tri entre le brave
soldat et le tortionnaire. La tâche fut partiellement menée malheureusement,
seuls les officiers supérieurs furent internés aux Etats-Unis durant quelques
années.
Quoiqu'il en soit, la famille reçut un dédommagement tardif de l'administration
française au titre des dégâts de l'occupation. La maison refaite, redevenue
pimpante retrouva sa joie de vivre dans la quiétude feutrée d'une station
balnéaire apaisée. Aujourd'hui, seuls les murs peuvent témoigner du tapage
de la luxure ! Tout de même, quelle réquisition ! Officiellement dans
les textes légaux de l'armistice conclut entre les autorités allemandes
et le gouvernement de Vichy, une réquisition devait avoir une utilité
de guerre...
Château d'eau Peugeot de Morgat
Les villas de Morgat de la première génération sont équipées
de petits cabinets de toilette sans baignoire, ni douche. Une table en
bois avec un plateau en marbre, posés dessus, une bassine et un broc en
tôle émaillée ou en faïence, constituent la base de l'équipement d'hygiène.
Les quantités d'eau potable utilisées sont modestes.
Ensuite, des villas sont construites à des fins locatives, il est fructueux
d'apporter un confort novateur telle qu'une baignoire, un service que
déjà les hôtels proposent. Le temps des manœuvres avec des seaux d'eau
est donc fini. Certes, quelques villas ont une citerne élevée qui récupèrent
l'eau de pluie de la toiture, mais pas toutes.
La société immobilière gérée par la famille Peugeot, très nettement majoritaire
dans les projets immobiliers locaux, décide d'élever un château d'eau
en marge de leur quartier en 1920. Une eau courante au service exclusif
de la bourgeoisie du lotissement Peugeot. L'eau courante pour les pêcheurs
arrivera au robinet une trentaine d'années plus tard.
L'ancien château d'eau de Morgat est transformé en habitation privée d'après
un plan d'architecte en 2005.
Villas et maisons en location en Morgat : une longue histoire
Villa Ker Math puis Ker Avel Mor. Emile Peugeot vend des parcelles de terrain de la société immobilière Richard et compagnie à Alfred Fallot qui par mariage fait partie de la « nébuleuse » familiale Peugeot et se trouve actionnaire de la société immobilière Peugeot qui change de nom à chaque changement important d'actionnariat. Le nouveau propriétaire fait construire une maison type dont le plan se trouve en deux autres exemplaires à Crozon-Morgat mais aussi fréquemment sur le littoral français de l'époque. La villa mise en location saisonnière est gérée par Monsieur Péchin le gérant des hôtels « Peugeot » de Morgat. Une maison au bord de la mer avec 11 lits plus un pour enfant.
La villa Ker-Odette est construite pour Auguste Agombart de Crozon en 1907 puis revendue à Auguste Péchin, le gérant d'hôtels travaillant pour la famille Peugeot en 1913. Ce dernier loue la villa à la saison estivale à des clients fortunés du Grand Hôtel de la Mer qui sont servis par du personnel de l'hôtel. A l'origine deux palmiers chinois entourent l'escalier d'entrée. L'usage locatif se perd à la seconde guerre mondiale au changement de propriétaire.
La villa "les Glycines" élevée en 1913 pour un investissement locatif de Monsieur Péchin.
La villa "les Fuchias" bâtie en 1923 pour l'hôtelier Péchin fut d'emblée une location prisée jusqu'à la seconde guerre mondiale.
la villa Ti Huella construite en 1886, serait la première villa de Morgat et fut, jusqu'en 1978, une pension de famille.
Durant des siècles, la presqu'île de Crozon voit passer
des militaires, des voyageurs de commerce, quelques artistes peintres
et personne d'autre qui ait une allure étrangère. La presqu'île est un
monde clos de pêcheurs, de paysans, souvent les deux activités sont cumulées
pour survivre. La maison bretonne est élémentaire, exiguë. Nul n'envisage
la moindre facétie.
"Un choc des civilisations" se produit quand de riches inconnus
s'imaginent transformer Morgat en cité balnéaire Deauvillaise avec de
grandes villas aux fenêtres béantes, aux toitures élevées face aux éléments.
Les premières villas (fin 19ème siècle) de Morgat en Crozon furent une
génération de maisons de villégiature à la manière de la famille Peugeot
et leurs relations invitées à enrichir le décor d'un habitat sur mesure...
Ces industriels et hommes d'affaires séjournent en famille quelques semaines
estivales tout au plus. Puis les villas se ferment durant des mois. On
parle alors de quelques cambriolages, l'insécurité vient de naître !
En réalité, la rapine a toujours été dans un milieu de misère endémique,
seules les victimes changeaient de classe sociale.
Parmi ces belles maisons de vacances, certaines sont construites ou utilisées
à des fins de locations exclusivement. En général le propriétaire a déjà
un bien familial et cet investissement dans la pierre lui paraît fructueux
sachant qu'au début du 20ème siècle, chacun est persuadé que Morgat va
devenir une station balnéaire de grande réputation. Ainsi au travers des
exemples des villas Ker-Odette, Les Fuchsias, Les Glycines, Kerfeuntein,
Ker-Math... Les touristes disposent du confort que vit la bourgeoisie
installée dans le quartier Peugeot. La publicité immobilière existe. Publication
d'annonces dans la presse ou dans les guides touristiques, fascicules,
brochures du département, du Touring Club de France, etc, font la promotion
locative. Ker-Odette, Les Fuchsias, Les Glycines ont appartenu à Monsieur
Péchin hôtelier gérant des affaires Peugeot, c'était donc un professionnel
du secteur touristique.
La Chambre d´industrie touristique répertorie les locations par classe
: Ker-Odette, Les Fuchsias, Ker-Math sont en première catégorie pour une
location de 17000frs minimum selon la grille tarifaire. "Les Glycines"
était classée en troisième catégorie avec un tarif de base de 9000frs.
La villa Kerfeuntein est une des toutes premières à accrocher un panneau
"A louer" à son balcon. La villa située dans le quartier des
hôtels bénéficiait d'une publicité aisée.
La venue des touristes dans les années 1930 commence à se démocratiser,
une classe moyenne arpente les plages. En 1933, l'ESSI Crozon-Morgat
(syndicat d'initiatives) a reçu 500 demandes de locations de villa et
700 demandes de renseignements à propos des hôtels tout cela par courrier
postal. Après guerre, la classe populaire déferle.
Progressivement la location de villas de luxe diminue largement compensée
par la location de maisons plus simples. Les premières locations basiques
se font essentiellement dans le cercle familial ou amical, l'argent pour
la publicité manque souvent. Cela ne suffisant sans doute pas, les premiers
panneaux de location apparaissent "aux balcons". Ce mode d'affichage
perdure encore partout en presqu'île de Crozon.
Depuis, la location de maisons de vacances est devenue une activité saisonnière
régulière majeure pour les propriétaires au bord de la mer. Tous les styles,
tous les budgets... A la journée, à la semaine, au mois... Plusieurs centaines
de propositions, en agence, à l'office du tourisme, auprès de gestionnaires
privés de locations, dans les sites de locations immobilières. Quelques
villas ont renoué avec les prestations de luxe...