Eglise Saint Pierre de Crozon - Presbytère

Autel.

Bénitier aux armoiries des de Poulmic.

Echiqueté d'argent et de gueules - Damier gris et rouge.

Fonts baptismaux 1742. Baptême.

Le coq du clocher est tombé lors de la tempête Ciarán.

Quatre versions pour une même église qui domine les hauteurs de la Presqu'île de Crozon... Une haute domination qui fit penser à certains opérateurs de téléphonie mobile qu'une antenne y serait très bien logée sur le solide clocher. La raison surnagea, les antennes sont érigées dans le quartier.
Il ne reste pas de traces des deux premières versions de l'église dont la seconde était le fait du recteur de Crozon et abbé de Landévennec Jean Briant. Cet ecclésiastique de haut rang intellectuel fit les grandes écoles en Italie et en Allemagne. Il arriva en 1596 en Presqu'île et fit reconstruire l'église de Crozon en 1615.
L'église Saint Pierre à Crozon a été construite une troisième fois en 1866 sur les plans de l'architecte Jules Boyer en ce qui concerne le clocher. Le porche du 16ème siècle a été réutilisé à partir de l'église d'origine. Un nouveau clocher plus "trapus" en pierre de kersanton a été élevé et servait d'amer pour les marins de la baie de Douarnenez. En 1899 et ceci jusqu'en 1901, l'église est reprise une quatrième fois sous la direction architecturale d'Armand Gassis pour un prix de 86000 anciens francs aux deux tiers payés par les paroissiens. L'église Saint Pierre a eu des dégâts en 1944. 

Son style néogothique ne suscite pas l'enthousiasme. Son charme vient de l'intérieur ! Lors des fouilles de 1899, des pierres tombales de noblesses sont apparues.

Mobilier selon l'inventaire de 1988 :
Transept nord, autel du Rosaire avec retable à quatre colonnes torses et fronton brisé, exécuté par Maurice Le Roux en 1664 : au centre, le groupe traditionnel en haut relief, les 15 médaillons entourant la Vierge, et, dans la brisure du fronton, statue de saint Joseph dans un présentoir à quatre colonnettes torses. Bas-reliefs polychromes : le Bon Pasteur sur la porte du tabernacle, et, de part et d'autre, sainte Marguerite, bustes de la Vierge et du Christ, moine tenant une croix.
Contre un mur de refend, autre autel, en tombeau galbé ; sur le tabernacle, petit dais rond à quatre colonnettes lisses.
Transept sud, autel en tombeau galbé ; tabernacle à colonnettes torses, Christ Sauveur sur la porte, Flagellation et Chute de Jésus de part et d'autre, bas-reliefs polychromes du XVIIe siècle. Au-dessus de cet autel, retable dit des "Dix Mille Martyrs". Ce triptyque raconte, en haut relief, l'histoire des légionnaires martyrisés sur le Mont-Ararat sous l'empereur Hadrien. Bois peint et doré de la fin du XVIe siècle et du début du XVIIe siècle (1624 sur un volet). Chaire à prêcher en chêne foncé, sculptée en 1679-1680 par Louis Bariou et son gendre, menuisiers à Quimper. Sur les panneaux, quatre scènes de la vie de saint Pierre, dont sa crucifixion. Sur l'abat-voix, Ange à la trompette.
Fonts baptismaux de granit portant la date de 1742.
Statues en bois polychrome : Christ en croix (1950), deux Anges adorateurs, saint Joseph (nord), saint Pierre, saint François d'Assise, saint Yves assis, saint Corentin (E. Quentric, 1937).
Vitraux de l'atelier Fr. Razin, Nantes, 1946, dans le transept et le chœur et de Marie-Jo Guével, en dalles de verre, dans les bas-côtés et toutes les fenêtres hautes.
Orgue restauré par Heyer en 1857, éléments du XVIIe siècle ; le buffet est d'époque Restauration.
Pierre tombale du XVe siècle aux armes des Provost Seigneurs de Trébéron et des Chastel de Guipronvel. Autre pierre tombale aux armes des Marc'hallac'h Seigneurs de Keramprovost, également du XVe siècle.

Au presbytère, châsse reliquaire en cuivre doré datant du XVIe siècle et portant l'inscription : "GOVZIEN FAICT FAIRE CESTE RELIQUERE EN LONEVR DE DIEV MONS SAINCT PIERRE AVECQ DIZ MILLE MARTIRS POR LA PAROSSE DE CRAUZON" (C. - Hervé Gouzien était recteur de Crozon en 1516).

Retable des 10000 martyrs – bas-relief en l'église de Crozon

Panneau n°17 :Les Chrétiens marchent sous les coups de bâton des soldats Romains, un ange enlève les pointes du sol avant le passage des suppliciés.

Panneau n°15 : Lapidation des Chrétiens.

Le retable des 10000 martyrs est un bas relief du 16ème siècle attribué à des artistes bretons locaux qui ont mis « en image » le martyre des soldats chrétiens exécutés sur le mont Arafat en Arménie, sous le règne de l'empereur Hadrien (117-138). 400 personnages sont sculptés dans du chêne et peints ensuite. Le retable porte la date sur un châssis du volet gauche : 1624. Des encadrements sont du 17ème siècle.

Les panneaux polychromes retracent une forme d'adoration du Christ que décrit Louis Calvez ainsi :

« Les Gadaréens et quelques autres peuples, vers l'Arménie majeure, s'étaient révoltés contre les Romains et avaient formé une armée de plus de cent mille hommes.
Les proconsuls d'Arménie et des autres provinces voisines lancèrent contre eux un corps de 16000 hommes aguerris. Mais devant la multitude des ennemis, près de la moitié d'entre eux prirent la fuite. Seuls 9000 soldats, animés par le tribun Acase Garcère, tinrent bon. Avant d'engager le combat, ils offrirent des sacrifices aux idoles. Ce culte idolâtrique, au lieu de les stimuler, abattit leur ardeur.
Un ange leur apparut alors, leur recommanda d'invoquer le Dieu du ciel et son fils Jésus-Christ, leur promettant à ce prix la victoire. Garcère et ses hommes se convertirent et triomphèrent de leurs ennemis.
Fortifiés dans leur foi, il rendirent grâces à Dieu et décidèrent de vivre et de mourir pour lui. L'ange qui leur était apparu les félicita, puis les conduisit sur le mont Arafat. Là, des anges les instruisirent des mystères de la foi et leur annoncèrent qu'ils auraient à souffrir et à mourir pour le Christ.
Apprenant leur victoire et leur retraite, les généraux romains les invitèrent à rejoindre le reste de l'armée... Ils déclarèrent qu'ils étaient Chrétiens et qu'ils ne voulaient à aucun prix sacrifier aux idoles. Leurs anciens compagnons marchèrent alors contre eux. Le représentant de l'empereur menaça de les torturer et de les faire mourir, s'ils ne revenaient pas sur leur décision.
Acace se fit porte-parole des chrétiens et refusa d'obtempérer aux ordres du tyran. On essaya de les lapider ; ce fut sans succès.
On les dépouilla de leurs vêtements, on les attacha aux arbres. On devait les flageller tous, mais bientôt les bras des bourreaux se raidirent.
A cette vue, Théodore, un des chefs de l'armée impériale, se déclara chrétien, ainsi que ses milles soldats, ce qui portait à dix mille le nombre des confesseurs de la foi.
Irrité, le tyran fit marcher les patients sur des pointes de fer répandues à terre sur une longueur de 20 stades (3700 mètres). Ici encore, les Chrétiens bénéficiaient de la protection divine ; des anges arrachaient des clous devant eux. Ils parvinrent à la ville d'Alexandrie où ils eurent à subir les supplices que souffrit le Christ pour notre salut : couronnement d'épines, lacération des côtes, flagellation...
Enfin on décida de les crucifier sur le Mont Arafat. Avant de mourir, plusieurs recueillirent le sang qui coulait de leurs plaies et se le répandirent sur la tête, pour que cette ablution leur servit de baptême. »

Marie-Thérèse, rénovation de la cloche de l'église de Crozon


Qu'elle chante ou qu'elle pleure
Ma voix toujours prie
En l'an de grâce 1961
Sous le pontificat de S S Jean XXIII
J'ai été bénite (22 mai 1961)
Par son excellence Mgr André Fauvel
Evêque de Quimper et de Léon
Abbé Yves le Bihan étant curé doyen
Albert le Lann Maire
de Crozon

Fonderie Cornille-Havard Villedieu-les-Poêles

J'ai été nommée
Marie-Thérèse
Par Mrs Louis Mammani CP et Alain Derrien
Parrains
Et Mmes Drevillon née Thérèse Guillou
Cornec née Marie-Jeanne Beauguion
Marraines

Marie Thérèse, cloche méritante du clocher de l'église de Crozon a retrouvé sa jeunesse après une rénovation en novembre 2016 (5344€ ht).

Le clocher de Crozon dispose de quatre cloches : Marie-Paule (1100 kg), Marie-Jeanne-Elisa (800 kg), Marie-Thérèse (550 kg), Marie-Corentine (400 kg). Toutes ces cloches ont été fondues le 6 mai 1961 à Villedieu-les-Poêles haut lieu de fonte normand. Elles sont les descendantes directes des trois cloches d'origine (Jeanne-Marie 1902, Marie-Françoise 1905, Marie-Ernestine-Jeannie 1860) qui ont été détériorées à la libération de Crozon.

Les cloches sont descendues par grutage le 18 septembre 2025 afin d'entreprendre la réfection du clocher. Travaux pris en charge par la municipalité.

Saint Jean-Baptiste

Evangile de Jean  : Jésus venant vers  Jean-Baptiste : "Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde" – "Ecce agnus Dei qui tollit peccata mundi" (Jean 1,29). Saint Jean Baptiste est parfois représenté en enfant pour davantage d'innocence.

Chapelle privée des Trébéron

2 juillet 1516. Un procès se déroule dans l'église paroissiale de Crozon avec pour plaignants, d'une part Henry Provost seigneur de Trébéron, fils de Clémence Balcon dame de Trébéron, en litige avec le seigneur Ian du Menez, le recteur Hervé Gouzien, lan Pentrez sieur de Pentrez, Bernard et Hervé Poulmic, maistre Henry Le Bocquin, Ollivier Le Bocquin, Robert Godelam, Guillaume Pentrez, Bernard Kerret, nobles gentz et messire Henry Kermarec et messire Yves Prigeant, chapellains et prêtres de la dicte paroisse, les fabriciens et 250 paroissiens contestant la prétendue possession d'une chapelle déclarée privée du sieur Provost jouxtant l'église. Ce dernier signifie au commissaire de la visitation et maître des testaments en Cornouaille qui l'auditionnait : « lui et ses prédécesseurs l'avoient édiffiée et de tout temps antien entretenue et fait entretenir en réparation, et en icelle avoient tombes, enfeus et enterrements; aussy avoient une fenestre au pignon d'icelle chapelle, faicte et vittrée, et les vittres d'icelle de tout temps d'antienneté estoient les escussons, armes et armoiries dudit Provost et des alliances de sa maison, et ainsi estoit en possession, luy, ses pères, ayeuls et bisayeuls et autres ses prédécesseurs d'en jouir et user par le temps de cent ans derniers et plus et par sy longtemps qu'il n'est mémoire d'homme ». La chapelle dite de Monsieur Sébastien* était attendue à la démolition contre l'avis du sieur Provost s'en prétendant propriétaire.

La partie adverse affirme que le seigneur de Trébéron ne payait plus sa brique de froment depuis longtemps et que les prétendus dons de 30 sols annuels offerts à l'église, il n'y en avait aucune trace pas plus que le moindre titre de propriété de la chapelle et de son cimetière.

Le juge décréta une prise en charge des lieux par la famille Provost, une reconstruction à ses dépends avec possibilité d'y afficher les armoiries et d'y faire reposer les sépultures familiales à volonté et indéfiniment. La décision passait outre le principe qu'une chapelle devait être entretenue par des finances au tiers : le noble de droit, le recteur, les paroissiens. Les paroissiens étaient dégagés de tout financement, une satisfaction assurément. De plus le jugement procédait à l'exercice d'une rente annuelle de 25 sols monnaie versée à la St Michel à la paroisse. La ferme occupée par lan Kerret au village de Kerveron devait être hypothéquée avec l'accord du seigneur de Trébéron pour garantir l'entretien de la chapelle ainsi que provisionner la rente en cas de défaut de paiement. La nouvelle chapelle serait construite avant la Toussaint !

Chapelle disparue à une date inconnue sachant que la famille Provost a vendu la seigneurie à une autre noblesse, celle-ci ne pouvait relever de la chapelle familiale.

*La chapelle avait pour protecteur Saint Sébastien comme l'autre chapelle St Sébastien à l'écart du bourg.


En 1745, Crozon est divisé en 18 arrondissements dont chacun a une chapelle servie par un prête. Chacun d'eux vit des quêtes en territoire de grande pauvreté en dehors des commerçants bourgeois et aristocrates. La dépendance matérielle du clergé envers l'aristocratie devient chronique, l'aristocratie étant de plus en plus contestée de par l'exagération et accumulation des privilèges au détriment d'une population vivant dans la crainte de Dieu, la société vacille. Plusieurs chapelles sont en ruines à la veille de la Révolution. Les chapelles Sainte Barbe, Sainte Marine de Morgat, Saint Germain de Crozon (Quezede), Saint Gildas (Taladec'h), Saint Louis en Quélern, Saint Guénolé en Saint Guénolé anciennement Landivinec, Saint Nicolas (Rostudel), Saint Jean de la Palue (Lesteven), Saint Sébastien (route de Postolonnec).
La Chapelle de la Madeleine proche du presbytère de Crozon, est une classe d'enseignement catholique jusqu'en 1810 environ. En 1811, le curé est contraint de céder la chapelle vouée à la démolition en échange de la réfection de la toiture du presbytère.
A la même époque Notre Dame de Pors Salud, la plus importante chapelle, est en ruines (à 300m Sud de Kergoff-Porsalut en bord de route).
La chapelle Saint Michel en Dinan (Tromel)  disparaît au début du 20ème siècle.
La chapelle St Jean conserve quelques vestiges.
Oratoire de l'île de Trébéron.
Des chapelles plus anciennes : chapelle de Kereguenec / Kereguonec en Kersiguenou, anse de Dinan ; la chapelle St Nicolas en Rostudel, cap de la Chèvre, un temps dépôt de munitions faute d'être entourée d'une batterie de côte française...

Pierres tombales de sépultures de l'église Saint Pierre de Crozon

Pierre tombale dite de Trébéron. Blasonnée en aigle.

D'or à un aigle de sable déployé et à simple tête.

L'aigle serait une clé de voûte achetée par J. Daniel, membre de la société archéologique du Finistère et dont il publie un croquis tout en affirmant que la pierre provient de l'ancien Manoir de Poulmic en Lanvéoc détruit bien avant la naissance de l'auteur. Les armes des de Poulmic étaient un échiqueté d'argent de gueules – un damier gris et rouge, sans aigle aucun. Un exemplaire de ces armoiries échiquetées est présent sous la forme d'un bénitier en l'église de Crozon.

Cet aigle est en mur sur une façade d'un immeuble de la rue Poulpatré de Crozon, ancienne seigneurie de Poulpatré  de la famille de Kerlenguy – Kerleuguy... dont les armoiries étaient un aigle de la sorte. Néanmoins, le mariage de Jean de Kerlenguy avec Jeanne de Poulmic au 16ème siècle, peut éventuellement expliquer que le blason « D'argent à l'aigle de sable » ait été présent dans le manoir de Poulmic.

La blason allie deux familles. Lambel d'Azur en chef – Trait horizontal avec trois pendants de couleur bleue sur émail ou tissu – de la famille du Chastel et trois écus indéterminés des Guipronvel. Une branche héraldique dite des du Chastel-Guipronvel du fait de l'alliance par mariage d'un fils du Chastel avec une fille de Guipronvel au 15ème siècle.

Pierre tombale dite du Marhallac'h. De croix fleuronnée et dalle blasonnée en trois blasons de pots.

°°°

Pour construire une église il fallait de l'argent et ce n'était donc pas auprès du paroissien ordinaire que les fonds pouvaient être levés. Seuls les nobles connaissaient la couleur de l'argent de sorte que dès le Haut Moyen-Age, pour le futur repos de l'âme, pour bénéficier des attentions politiques du clergé, ceux-ci acceptèrent de financer les constructions d'église de leur paroisse avec cependant l'apparition de leur blason afin que l'on sut bien d'où venait la providence. Mais cela ne suffisant pas, ils exigèrent que leur caveau familial fut proche de l'autel, proche du chœur, proche de Dieu dans le cancel ou dans une chapelle tenue par un chapelain – homme d'église lié financièrement à une famille – un espace ajouté à la nef souvent sous le patronage d'un-e saint-e où se disaient des messes en l'honneur des défunts titrés. Le lieu de sépulture et ses abords étaient à la charge des familles ayant une sépulture.

Une pierre tombale ornée des armes de la lignée était placée au mieux et dans l'ordre de la hiérarchie féodale ou religieuse. Si la famille s'éteignait, on récupérait les ossements et on les déposait dans l'ossuaire à l'extérieur de l'église afin de libérer de la place pour une nouvelle famille donatrice. La grande noblesse avait un caveau surélevé du sol. La petite avait la dalle affleurante au sol. Cette pratique correspondait à un droit octroyé par l'évêque contre une rente financière ou en grains (céréales) versée à la fabrique (gestionnaire de la paroisse) – le droit d'enfeu et de sépulture. L'enfeu est une niche dans un mur de l'église qui reçoit une sépulture avec un gisant bien souvent : représentation allongée sculptée du défunt.

Bien pourvue de caveaux blasonnés, une église parvenait à réunir des fonds récurrents significatifs qui s'ajoutaient à ceux du recteur et des paroissiens pour l'entretien général. Il y eut des excès, des sépultures installées sans que l'évêque n'en fut averti.

Afin de limiter les mauvaises odeurs qui émanaient des joints entre les dalles funéraires, on traitait les sols au soufre, à la chaux et pour désodoriser, on brûlait de la résine de pin. Toute personne ayant fait acte de contribution significative pouvait se prévaloir d'une place sous le dallage de l'église sans marque aucune toutefois par opposition à la noblesse qui blasonnait sa sépulture.

Des cas de dysenterie répétés inquiétèrent le Parlement de Bretagne qui promulgua un arrêt d'interdiction d'inhumation dans les églises au 16 août 1719, réitéré le 2 octobre 1741. Ces arrêts ralentiront les pratiques, sachant que les curés s'exposaient à des contaminations, mais les passe-droits octroieront une dernière génération de pierres tombales dans les églises pour des dépouilles titrées ou de bonnes familles généreuses jusqu'à la Révolution française de 1789.

L'église de Crozon conserve deux pierres tombales significatives illustrant la pratique de l'inhumation dans les églises du comté de Crozon.

• Dalle funéraire dite de Trébéron datée du 15ème siècle selon la nomenclature diocésaine. La pierre tombale est un vestige, déterré, redécouvert lors des fouilles de 1899 préparatoires au chantier de la rénovation de l'église du bourg de Crozon en 1900/1901. Cette dalle de noblesse est attribuée à la famille Provost de la seigneurie de Trébéron et des Chastel de Guipronvel (les Guipronvel ont fait aveu aux Chastel prouvant leur vassalité) pour certaines sources et pour d'autres à la famille Poulmic-Trébéron. Ces dernières rappelant l'existence d'un aigle héraldique en deux clés de voûte au manoir de Poulmic, détruit, et reconfiguré en ferme, elle-même détruite pour faire place à la base de Lanvéoc Poulmic. Cette dalle funéraire recouvrait la sépulture familiale placée dans le sol proche de l'autel en l'intérieur de l'église, côté de l'actuelle chapelle du Rosaire.

La famille de Trébéron avait pour berceau la seigneurie de Kerandrein au 15ème siècle, au travers du manoir de Keramprovost-Penandreff. Famille Provost mentionnée dans les Réformations de la noblesse de 1426. Le Sieur Provost, Seigneur de Trébéron « dict faire arquebusier à cheval » à la montre de Quimper de 1562. A noter que Jehan de Poulmic est seigneur de Keramprovost (manoir) et « dict faire pique sèche ». Une autre branche de la famille Provost constitue la seigneurie de Landaoudec.

La famille Provost fut aussi à l'ouvrage de la chapelle de St Sébastien. Une famille reconnue par le don de l'île de Trébéron à la Royale.

• Dalle funéraire dite du Marhallac'h datée du 15ème siècle selon la nomenclature diocésaine. La pierre tombale de la famille du Marhallac'h fut retrouvée dans les mêmes circonstances. Cette sépulture n'aurait concerné qu'une dame attachée à la famille de la seigneurie de Keramprovost par le mariage soit aux de Poulmic.

La famille du Marhallac'h – Marc'hallec'h – Marc'hallac'h – à la fois de noble et terrienne, était propriétaire de biens fonciers importants dans le Finistère Sud jusqu'à perdre de son rayonnement à la Révolution. Famille éteinte dont le blason était « D'or à trois pots à eau de gueules  » – gueules : couleur rouge uniforme – et dont la devise « Usque ad aras » – Jusqu'aux autels – semble convenir à la pierre tombale de l'épouse d'un noble de Crozon ce qui de fait l'autorisait à être inhumée à proximité de l'autel de l'église de Crozon bien que née en dehors de la paroisse.

La famille du Marhallac'h fait épouser ses filles à toutes les noblesses bretonnes à portée de mariage judicieux. Par exemple, Catherine, dame (équivalent de seigneur pour un homme) du Marhallac'h (ayant blason en l'église St Jean de Plovan, fief familial) se marie à Nicolas de Gouandour – Goandour, écuyer, seigneur de Lescoulouarn (titre du père), seigneur de Kercorentin, en 1626 et dont la mère était Jeanne de Poulmic.

Autant dire que les lignées de ces deux pierres tombales accolées du temps de l'église du 15ème au 18ème siècle se sont entrecroisées pour affirmer une primauté sociale concrétisée par le privilège de l'inhumation dans l'église du fief. Les procès-verbaux des prééminences récapitulent des blasons des Provost Trébéron et des Marhallac'h dans les vitraux de l'église. Pratique interdite à la Révolution, démontage obligé.

Les deux pierres tombales sont remisées verticalement dans l'ancienne chapelle des fonts baptismaux de l'église St Pierre de Crozon. D'autres familles affirmaient leurs pierres tombales. Des descriptions reprises par le Bulletin de la Commission Diocésaine du Finistère en 1907 donnent quelques exemples de sépultures en l'église de Crozon.
• Le seigneur de Gouandour bénéficiait d'un mausolée en kersanton en bas côté de nef, qui fut déconstruit pour cause de gêne des processions et récupéré partiellement dans les jardins du manoir de Lescoat.
• Fondation d'une chapellerie sur l'autel St Michel en 1497, à l'usage de Julienne Le Botguyn.
• Jean de Hirgars (junior) était inhumé en 1526 dans la chapelle St Jean Baptiste servie par un chapelain. En 1534, la sépulture est réemployée pour recevoir la dépouille d'un prêtre : Glazran an Ruzec. Elle-même remplacée par celle de Bertrand Aultret. Les ossements allaient en l'ossuaire.
• La dame de Breuil, Anne de Hirgars, épouse du chevalier Louis de Lesac y était inhumée dans les conditions que l'aveu de 1664 décrit  : « Une tombe enlevée au milieu du choeur, joignant de temps immémorial le balustre du grand autel, lors depuis douze ans que le maître-autel a été porté joignant le pignon et la vitre orientale. de la dite église, à cause de quoi elle se trouve éloignée du dit balustre d'environ trois pieds. La tombe est armoyée d'écusson portant trois pommes de pins qui sont les armes du Hirgarz ; dans le soufflet de la principale vitre, elle a deux écussons : d'or à 8 pommes de pins d'azur, et au bas de la dite vitre, côté de l'Epître, deux jours où se voient deux priants dont les cottes d'armes sont chargées des mêmes armes »
•  Le 3 novembre 1550, la chapelle de la Trinité fondée par Rioc Baussand est réemployée par la dépouille du prêtre Luc Lanbilu.

Les paroissiens non donateurs, ou insuffisamment généreux, avaient pour sépulture une place dans le cimetière gratuitement, mais si l'on glissait la piécette on pouvait espérer avoir les pieds sous les fondations. L'indigent connaissait la fosse...

Le presbytère de Crozon

Les armoiries de Jean Briant, premier recteur de Crozon, abbé de Landévennec, sont présentes sur une façade. Des niches votives sont aussi présentes.

L'actuel presbytère de Crozon est une reconstruction du 19ème siècle pour accompagner la nouvelle église. Gustave Bigot, fils de l'architecte principal du département du Finistère et directeur des édifices diocésains Joseph Bigot, lui même architecte de l'arrondissement de Brest, trace le plan et propose un devis en 1872 pour un presbytère qui dépasse les volumes habituels et les prix courants. Certes, l'emploi des matériaux nobles en pierre de taille fait grimper la facture et les ailes ajoutées aussi. 35 020,45 francs annoncés. L'administration renâcle et pourtant les travaux sont lancés dès l'été 1873 et ceci pendant un an. L'entreprise de Rolland Eugène prend le marché à 41280 francs après adjudication.

Durant la seconde guerre mondiale, les sous-sols du presbytère sont transformés en abri de protection civile et en hôpital maternité contre les bombardements. Une maternité qui voit naître cinq enfants durant les derniers jours de la guerre. L'infirmerie comporte 32 blessés légers, les blessés graves sont soignés à la gare du Fret, ville sanitaire, dans l'hôpital militaire allemand, et la cave abri peut contenir 200 personnes en cas d'alerte. Madame Meillard, sage-femme et deux infirmières Mesdemoiselles Le Doaré, Le Floc'h accueillent les patients souvent recueillis par les pompiers ou les volontaires de la défense passive qui sillonnent les quartiers pour soutenir les victimes des bombardements qui n'avaient pas souhaité être évacuées comme cela leur fut proposé fin août 1944 alors que les Américains étaient attendus d'un jour à l'autre.

Le 17 septembre 1944, à trois heures du matin, un obus explose sur le bâti et effondre le presbytère sur la partie abri faisant 16 morts et 1 blessé mortellement touché. Le 19 septembre, Crozon est libéré. D'où venait l'obus ? Certains canons allemands, préalablement orientés vers la mer ont été retournés vers les terres, c'est le cas de la batterie du Cap de la Chèvre par exemple. Les Américains ont installé des batteries provisoires dans la presqu'île de Plougastel qui appuient les raids aériens des alliés. Il y a aussi des blindés américains aptes à faire feu. La fin de la guerre a fait de nombreuses victimes sans qu'on ne sache vraiment d'où venaient les projectiles. Ça tombait du ciel, et malheur aux malchanceux.

Chaque chapelle avait son curé dans les siècles passés.Puis chaque paroisse eut son curé et son presbytère mais des chapelles étaient ouvertes qu'à certains pardons. Progressivement, la presqu'île de Crozon, a vu disparaître ses lieux de culte, puis ses prêtres. Le presqu'île fut divisée en deux secteurs paroissiaux :
• Les Trois Pointes = Camaret-sur-Mer, Roscanvel et Lanvéoc.
• Les Portes de la Presqu'île = Telgruc-sur-Mer, Argol et Landévennec.
L'unification en une seule paroisse (Ste Marie) pour un seul prêtre devient ensuite une réalité.

Petit rappel des temps récents :
Le Père Joseph Bleunven, recteur de la paroisse des Trois Pointes est en retraite en août 2007 à l'âge de 75 ans après 12 ans à Camaret dont huit en tant que recteur. Il remplaçait le recteur François Rolland qui avait quitté ses fonctions en Roscanvel en 1996. Le père Jean-Yves Le Bras est curé doyen de Crozon en 2002 - 2009. Le père Paul Berrou, nouveau curé doyen 2009 - 2013 devient curé de Camaret et de Crozon. Le père Mickaël Le Roux, coopérateur (anciennement vicaire) pour les paroisses du doyenné de la Presqu'île de septembre 2013 - août 2014. Un jeune enthousiasme qui dérangeait les anciens paroissiens. Le Père Yvon Le Goff, ancien recteur de Carantec, curé doyen à la tête de la Paroisse Sainte-Marie depuis 2015 est le seul homme d'église de la presqu'île. Successeurs...

La paroisse Sainte-Marie en Presqu’île de Crozon est composée des communautés chrétiennes de Crozon-Morgat, Camaret, Roscanvel, Argol, Lanvéoc, Landévennec, Telgruc-sur-Mer.