La digue du port de plaisance de Morgat sous des vagues-submersion durant des heures sous un coefficient de marée de pleine mer de 79 (moyen) et d'une hauteur (marnage) 6,70m sous un vent de sud-ouest de 80km/h en rafale. Des conditions difficiles mais pas extrêmes en apparence ! La zone d'hivernage est inondée selon la venue des vagues. La houle venue du large est le facteur aggravant. Cette houle se forme sur des dizaines de kilomètres dans l'océan et se retrouve étranglée à l'entrée de la Baie de Douarnenez. Sa force est décuplée, des paquets de mer débordent de partout. Ce phénomène de la dynamique des fluides s'appelle l'effet Venturi du nom de son découvreur.
Les quais de Morgat jusqu'au port sont dans une zone de
submersion marine répertoriée sur des cartes de zones basses littorales.
La cartographie éditée par le SHOM reflète divers degrés d'exposition
aux débordements de la mer à partir d'études de vulnérabilité aux risques
littoraux en référence au niveau marin centennal. Il n'est pas interdit
de construire dans de telles zones brièvement inondables selon quelques
marées hautes accompagnées d'une forte houle, seules des prescriptions
de surélèvement du bâti par rapport au niveau du sol sont imposées et
accompagnées d'une interdiction de concevoir des chambres au rez de chaussée.
Ce ne sont pas seulement les quais mais aussi la zone portuaire et l'ancien
Loc'h urbanisé (parkings - commerces - immeubles) qui sont exposés aux
risques de submersion. Dans le cas de la partie basse de Morgat
jugée sous le niveau de la mer, les risques de submersion se cumulent
au risques d'inondation générés par le mauvais écoulement des eaux du
ruisseau de Penfrat et de sa zone humide subsistante saturée par les fortes
pluviométries et empêchées d'évacuation par les marées hautes à forts
coefficients.
2014 - Morgat sous les eaux jusqu'à un mètre selon la presse - « Vu la
topographie du site, qui se trouve en dessous du niveau de la mer, il
ne sera jamais possible de régler le problème des inondations à 100 %
», parole d'un maire Morgatois trempé par les reproches de l'opposition
qui regrette que l'inévitable ne fut pas évité.
Les inondations
et les dégâts occasionnés par les vagues-submersion furent depuis longtemps
relayées par la presse locale. La tempête du 4 au 6 décembre 1896 avec
des coefficients de marée de 88 à 95 et des vents de force 8, avait criblé
les magasins maritimes, les débits de boissons de Morgat de galets projetés.
La mer avait envahi les maisons en une heure. Portes et fenêtres fracassées
des maisons des pêcheurs. La tempête concerna les côtes françaises et
fit 33 victimes. Le creux de la dépression se trouva à Brest à 14h30,
le 4 décembre, avec 953 hpa.
Inondations de Morgat
Lors des fortes marées, des sacs de sable sont disposés en haut de la cale de Morgat. La mer est limitée dans son intrusion.
Progrès oblige, installation d'un batardeau.
L'eau de mer remonte dans les canalisations d'eau pluviale au plus bas de Morgat, les inondations commencent ainsi.
Suite à une forte pluviométrie, les douves se remplissent des eaux du ruisseau de Penfrat en pleine marée haute, elles attendent de se libérer à la prochaine marée basse. En amont les risques d'inondation augmentent à chaque minute.
Montée de l'eau dans le canal.
Montée de l'eau en amont dans la zone humide.
Une marée à fort coefficient limite le vidage de la zone humide du Loc'h.
Le ruisseau passe dans son canal urbain. Niveau bas en dehors de la saison des pluies. Les murets servent de bassin tampon.
Rails d'étanchéité de batardeau.
Station de pompage au bord de la zone humide.
L'étang du Loc'h en 1850 environ.
L'étang du Loc'h en 2021.
L'étang du Loc'h en 2021, ce qui reste de la zone humide en amont.
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La zone humide du Loc'h est alimentée par le ruisseau de
Penfrat. Dans les siècles passés, avant l'extension de la zone urbanisée,
cet étang marécageux favorisait la pêche aux anguilles qui apprécient
l'eau saumâtre – échange avec la mer à chaque marée. Avec le temps,
on se servit de l'étang comme d'une aire de loisir pour canots pneumatiques
publicitaires que les compagnies pétrolières offraient en remerciement
des marchés obtenus. Des citernes étaient installées sur les quais pour
alimenter les chalutiers en carburant. Néanmoins, l'étang fut partiellement
comblé au deux tiers environ pour en faire des terres cultivables qui
peu à peu sont devenues des terrains viabilisés. Parking, constructions
en tous genres ont recouvert la zone humide asséchée jusqu'à y élever
une chapelle qui fut déconstruite pour cause d'affaissement sur terrain
meuble en pleine zone inondable.
Désormais, la zone humide subsistante est encombrée d'une épaisse végétation
et s'est envasée : le volume de rétention est faible. Le cours d'eau qui
en sort est hautement canalisé par des murs surélevés des douves, il déverse
6 à 8 m3 seconde sous de fortes précipitations et se sature en 71 minutes
paraît-il. Un volume d'eau qui doit trouver son évacuation au plus vite
y compris à marée haute. Les canalisations d'évacuation passent sous la
chaussée des quais. A marée haute, la mer empêche ou ralentit l'expulsion
des eaux du Loc'h. En période de forte pluviométrie, et si des débordements
de la mer – vagues-submersion
– s'additionnent dans la partie la plus basse de Morgat, les volumes
d'eau créent une inondation systématique qui se dissipe durant une marée
basse. Chaque inondation, bien qu'opérant sur un même principe d'accumulation
provisoire d'eaux douce ou salée indésirables, est constituée de manière
variable, parfois les eaux sont majoritairement pluviales, parfois majoritairement
maritimes. Les niveaux des inondations de Morgat sont très variables entre
quelques centimètres d'eau de submersion venue de la mer et plusieurs
dizaines de centimètres d'eau du Loc'h, l'addition des deux provoque des
records.
Une partie de Morgat est une zone
basse de submersion.
• Inondation majeure de Morgat du 20 novembre
2019. Le clapet anti-retour du quai par lequel se vide le Loc'h à marée
basse a été laissé fermé selon des témoins qui ont pu constater que les
eaux d'inondation pluviales (pluies durant plusieurs semaines), composées
d'eau du Loc'h et d'eau usées, se sont libérées quand une tractopelle
a arraché le volet. La force de l'évacuation qui a fait chasse, a creusé
le sable de la plage de Morgat. 30 cm d'eaux souillées. Le maire de l'époque
exclut cette hypothèse argumentant que le dalot recevait 10m3 seconde
pendant que les buses d'expulsion pouvaient évacuer 2m3 seconde. Il justifie
ainsi l'arrêté ministériel du 27 janvier 2020 publié au Journal officiel
du 13 février 2020, reconnaissant le statut de catastrophe naturelle.
• 02 mars 2014 : marée haute du soir qui déborde. Une fine
couche d'eau de mer n'occasionne aucun dégât.
• 08 février 2014 : débordement de la mer, vagues submersion,
10 cm d'eau au plus bas de Morgat. Inondation maritime exclusivement.
• 06 février 2014 : des forts vents durables forment une houle
qui déborde. L'inondation maritime est démultipliée par une inondation
d'eaux pluviales suite à de fortes pluies. Trois pompes sont installées
proche de la chapelle (déconstruite depuis). Un homme dont l'habitation
a été inondée, souffre d'hypothermie et est conduit à l'hôpital. Situation
maîtrisée vers 23h30 après 80 cm d'eau au plus bas de Morgat.
• Les fortes précipitations (7% des précipitations annuelles)
des 22 et 23 novembre 2012 génèrent une inondation d'eau pluviale au plus
bas de Morgat. Magasins et caves inondés. Le ruisseau et le Loc'h n'ont
pas vidé leur trop-plein vers la mer rapidement par les exutoires sous
chaussée. Les douves ont débordé.
Au fil des années, des aménagements ont été effectués : mise en place
de clapets anti-retours sur les conduits d’eaux pluviales versant dans
le Loc'h – mise à découvert du Loc'h en amont de sa partie
busée sur 30 m – création d’un bassin tampon par une rehausse
des murs des douves. La partie busée sous chaussée est une propriété du
département, des préconisations techniques ont recommandé de supprimer
les buses pour en faire un passage unique et large afin d'optimiser l'évacuation
du Loc'h en des délais rapides moindre que le temps de montée d'une marée.
Autre problème récurrent la qualité des eaux déversées, exemple :
30 Juin 2022, baignades, activités de pêche et nautiques interdites 24
heures après un contrôle sanitaire de l'ARS (Agence régionale de santé
Bretagne) démontrant la présence d'eaux souillées provenant du ruisseau
et s'écoulant sur la plage... En amont des activités humaines non conformes
polluent le cours d'eau douce qui se jette à la mer en traversant la plage
touristique.
Photo du 16/10/2022.
Après une longue période de sécheresse, le débit du ruisseau du Loc'h était quasi nul. Le sable dunaire s'était accumulé au sortir de l'exutoire. Un désensablement mécanique fut nécessaire pour créer un espace d'évacuation des eaux.
Photo du 27/11/2022.
Le sable a de nouveau comblé l'espace d'évacuation des eaux du ruisseau. Les précipitations étant importantes, le débit du ruisseau ayant fortement augmenté, celui-ci favorise un effet de chasse vers la mer.
Le ruisseau dévale la plage de Morgat
La grande marée du siècle
Les médias prédisaient la fin du monde sur le littoral,
des jours d'annonces apocalyptiques, chacun avait sorti sa plus belle
paire de bottes.
La marée du siècle (21/03/2015 17h52) coefficient de 119 sur une échelle
maximale de 120 fut bien moins spectaculaire que certaines marées modérées
accompagnées de vents forts. Une hauteur de 7m70 d'eau à marée haute a
flirté avec les quais de Morgat. Les tempêtes sont bien plus désastreuses
et envahissantes avec un coefficient bien moindre. Par temps calme, une
grande marée est une montée d'eau très sage.
La marée basse du siècle (21/03/2015 11h52) coefficient de 118 avait une hauteur de 0.30 cm d'eau à son plus bas. L'estran était une surface de sable luisant encore gorgé d'eau de mer. Il faudra 6 heures pour qu'un volume d'eau de 7m40 vienne s'ajouter au 30 centimètres des plus bas. Un volume d'eau de mer impressionnant "agité" par la lune. Là, il fallait reconnaître que la mer était excessivement éloignée de la côte, sans doute de plusieurs dizaines de mètres inoubliables.
A chaque grande marée, les Morgatois consultent la météo
avec une certaine appréhension. Et si la prochaine grande marée devait
transformer Morgat en Venise ? Les commerçants exposés sont équipés de
batardeaux. Pour le reste, chacun s'en remet aux éléments.
Le 20 février 2015 la marée est annoncée de la manière suivante :
Coefficient 118, hauteur 7m65, "heure d'arrivée" 18:13.
Au moment venu, pas de pluie, les eaux du Loch s'écoule sans excès, pas
de vent, mer calme, pression atmosphérique 1008 hPa... Des badauds viennent
voir si la fin du monde est proche... Le jour ne sera pas funeste, quelques
vagues de ressac dans la zone d'ensablement de Morgat viennent lécher
les semelles des passants... La même scène, un jour de tempête, eut une
allure de quartier sous les eaux. Un an auparavant cela avait été momentanément
le cas. Le temps viendra où Morgat sera Venise que l'homme intervienne
pour retarder l'échéance ou pas. La nature est d'une patience diabolique...