La Digitale marque approximativement l'entrée du chemin qui menait à la caserne de Kerlaër qui se situait à la place de la partie boisée en arrière plan.
Au Nord du village de Kerlaër
- village des voleurs, le génie militaire construisit un casernement
à l'extrême fin du 19ème siècle sur des terres agricoles dont les propriétaires
furent expulsés. Il semblerait que sa destination consista à loger, en
retrait de la côte, des artilleurs de la batterie
de Kerviniou réaménagée et modernisée. Ce casernement en bout de chemin
perpendiculaire à la route côtière était composé de trois baraquements
en bois, tout en longueur avec des toits bitumés et sablés et des récupérateurs
d'eau de pluie en bois à chaque angle tant l'eau était rare. Une grande
salle de cuisine, des lavabos et des sanitaires composaient les deux bâtiments
d'intendance ainsi qu'un poste de garde à l'entrée.
Les affectations administratives militaires de l'époque parlaient de caserne
de Kerlaër malgré la rusticité des lieux que les officiers évitaient d'habiter.
Certains militaires étaient des personnels à la santé fragile, souvent
des artilleurs coloniaux qui avaient contracté des fièvres et dont la
convalescence était incertaine. Ceux-ci se guérissaient dans des ivresses bagarreuses aux hameaux de Kerlaër et de Kerviniou. Quatre débits de boissons
qui tournaient à plein en dehors des rares périodes d'exercice de tir
pour la plus grande joie des débitants qui se sortaient ainsi d'une agriculture
misérable.
L'ennui était tel que les courriers des soldats envoyés aux familles racontaient
des journées mornes, les problèmes d'eau potable dont la qualité était
douteuse... On se gardait bien de se vanter des esclandres provoqués envers
la population civile quand les soldats imbibés avaient le vin mauvais.
En août 1914, la 23e batterie du 3e
RAP s'y regroupe provisoirement, elle est relevée par la 21e bte (batterie) du
2e RAC en poste de combat, elle-aussi provisoirement. Durant la première
guerre mondiale, de jeunes soldats y faisaient leurs classes avant de
partir au front. Après la première guerre mondiale, la zone se démilitarisait
progressivement, la batterie de Kerviniou désaffectée démonta son casernement
à partir de 1922 pour redevenir des prairies humides comme aujourd'hui
avec quelques vestiges épars cependant.