Histoires d'épaves en presqu'île de Crozon

La presqu'île de Crozon bénéficie de quelques épaves en bois, de la taille d'embarcations de pêche. Par contre les navires de grandes tailles sont au fond de la mer, présentés à l'oubli. Cette page ne concerne que les épaves proches de la côte de la presqu'île. Les épaves au large, tout particulièrement celles de la mer d'Iroise ne sont pas répertoriées.

L'épave de l'Hydo à marée basse.

Le cargo Panaméen "Hydo", le 02 septembre 1983, par une mer et des vents forts, en mer d'Iroise, se trouve en difficulté. Le vieux caboteur naviguait vers un port espagnol pour déconstruction. L'Abeille Flandre tente un remorquage mais l'amarre cède. Le caboteur dérive et se brise sur la côte de Pen-hir en prenant feu. L'épave au Nord des grottes des Tas de Pois fait l'objet de plongées dorénavant.

IMO: 5418094
Nom: HYDO
Genre du navire: cargo caboteur
Jauge brute: 10239 t
Port en lourd: 16107 t
Construction: 1963 Mitsubishi Yokohama Yard, Yokohama
Longueur Hors Tout x Largeur Hors Tout: 149.61m × 20.58m

Talisay Corp Of Panama, Monrovia MV Talisay. 1963 ~ 1974
Cape Cuvier Shipping Co. Ltd., Monrovia MV Titika P. 1974 ~ 1979
Al Kalhifa & Mirchandani Shipping Co. Ltd., Kuwait MV Anwar Al Sabah. 1979 ~ 1980
Efluck Shipping Co. Sa, Limassol MV Pushpa. 1980 ~ 1981


Epave découvrante du Goulien.


Epave découvrante non identifiée à Landévennec. 48.2837427 -4.2675256.


Le Latécoère 523 (variante du 522) "Aldebaran" était en révision sur l'hydro-base de Lanvéoc Poulmic quand les autres hydravions, pour la plupart, s'étaient envolés pour l'Afrique du Nord, le 18 juin 1940, à l'arrivée allemande. Ce même jour, l'hydravion est mis à l'eau et sabordé. 48.2974511 -4.41105114.


Une péniche à voile dont les vestiges disparaissent progressivement. 48.2983834 -4.4282680.


Ponton de 10m dans l'ancienne zone de mouillage de Roscanvel. 48.3280564 -4.5297515.


Bugalet - chaland - caboteur de 16m x 6m. 48.3488067 -4.5585817.


Le cargo à vapeur espagnol Cobetas transportant du minerai de fer est coulé le 1er ou le 2 novembre 1918 suite à un abordage du vapeur anglais SS Reresby. Chantier naval : Russel & Co de Glasgow (1890-1892) pour la compagnie Burrell & Son de Glasgow. Baptisé alors Strathesk. Revendu à la Compañía Naviera Vascongada de Bilbao. 70m x 10m. Jauge brute 1705 tonneaux. 48.3432417 -4.5206083. Pointe des Espagnols.


Remorqueur de 60ch Irmgard coulé en 1945. Remorqueur d'origine française construit aux chantiers de Villeneuve le Roi est réquisitionné par l'armée allemande alors qu'il est encore inachevé. Il faisait partie des bâtiments de servitude destinés à la marine française : Zarzis, Koudiat, Bouc, Cormorandière, Dalat, Ouakam, Poutou. Les Allemands rebaptisent les remorqueurs avec des prénoms féminins. Ces navires sont à Lorient ou Brest selon les périodes. 48.3490150 -4.5504517.

Les remorqueurs sont achevés entre septembre et novembre 1941 sous les noms de Helga, Ingrid, Maria, Koudiat, Irmgard, Heidi et Zarzis. Certains sont coulés puis renfloués puis versés dans la marine marchande ou la marine nationale après guerre.


Des ancres maintenaient le filet anti sous-marin entre la pointe du Dellec et la pointe Robert. Quelques unes sont encore vivibles au fond. 48.3491192 -4.5585966.


Vaisseau de guerre français de 74 canons, de classe Téméraire - 107 vaisseaux de sa classe, le "Golymin" (ex Inflexible) porte le nom d'une bataille victorieuse napoléonienne à l'encontre de l'armée polonaise. Construit à Lorient de 1804 à 1809, en service le 1er janvier 1812, il coule le 23 mars 1814 dans le goulet de Brest après s'être déchiré sur le rocher du Mengant. Brise légère mais courants forts. Malgré une manœuvre désespérée pour ralentir sa route en ayant lancé ses ancres, il sombre en dérivant vers Basse-Goudron. Le capitaine Armand Leduc, commandant le navire, est déclaré innocent par la cours martiale le 15 juillet 1814.

L'épave est classée. Des obusiers sont conservés au musée de la Marine à Paris.


Le vaisseau "Le Républicain" coule après avoir talonné le rocher du Mengant – Mengam le 24 décembre 1794. Des canons y sont encore visibles.


Chaland de transport de munitions de 25m réquisitionné par l'armée allemande. Des câbles électriques sont à côté de l'épave ainsi que des munitions de 75mm. Cette barge n'était pas motorisée et comportait 4 tubes lance-torpilles sur son pont et participait à la défense de l'entrée du Goulet. Ce poste de tir était lié à la torpedo-batterie de Fort Robert. 48.3314791 -4.5709523. Batterie de Cornouaille.


Epave indéterminée de 28.5m. 48.3281311 -4.5830273.


Langoustier Roca. Lors de la fête de la mer le 29 janvier 1956, l'Océan aborde le Roca lors d'une manœuvre. In extrémis l'équipage et les passagers invités pour la fête sont récupérés par l'Océan tout ceci durant la bénédiction de la mer à Camaret-sur-Mer. 48.2896874 -4.6134016.


Le Swansea Vale est un cargo britannique perdu dans la brume, il s'échoue sur un haut fond du Trépied à marée basse le 8 août 1918. Il reste accroché et se déchire progressivement. Le Capitaine Cousins espère qu'à marée montante, le cargo puisse repartir malgré les avaries. La cargaison est essentiellement du bois. Effectivement quatre heures plus tard le cargo reprend sa route mais l'évacuation par les baleinières devient nécessaire, l'équipage regarde le navire couler avant de rentrer à Brest à la rame. 48.3031099 -4.6437399.

Non loin de cette épave, une plaque nominative " Saint Laurent" est découverte en 1998. Nul n'en connaît l'histoire.


Sablier ou goélette. 48.3237000 -4.6346433.


Dragueur de mine auxiliaire allemand M4003 touché par une mine parvient à atteindre la côte à Porz Naye avant de couler. Equipage sain et sauf. Il s'agissait d'un chalutier français réquisitionné le Kérolay. 48.2823500 -4.6122833.


Canonnière remorqueur de haute mer V724 réquisition allemande. Chalutier anglais (1920) racheté par un patron pêcheur français de Boulogne (1931) rebaptisé "Blanc-Nez" ou "St Dominique" selon les sources. Réquisitionné par la marine française en 1939 pour être transformé en dragueur de mines. Réquisitionné par la kriesgmarine (marine allemande) en tant que vorpostenboot. Coulé par une mine le 4 juin 1944. 48.3159017 -4.6501767.


Canonnière chasseur de mines accoustiques M4031 équipé d'une perche sonore comme le V713 (ci-dessous), ancien chalutier italien "Pesce Spada" coulé par une mine le 3 juin 1944. 48.3119533 -4.6599083.


Vorpostenboot V713, chalutier allemand "Leipzig PG 457" de 1922 réquisitionné et transformé en chasseur de mines acoustiques. Une longue perche inclinée sous l'eau avec un émetteur de sons à l'extrémité propageait des bruits de niveaux élevés pour faire exploser les mines sensibles aux bruits sous-marins. Coulé par une mine le 11 juillet 1944. En deux morceaux. 48.3067467 -4.6694033.


Patrouilleur auxiliaire allemand V722, le vorpostenboot est coulé par une mine le 15 avril 1944. 20 membres d'équipage disparus, 16 sauvés par la V702. Construite en Allemagne, livrée à la Belgique en 1929, il s'agissait d'une vedette portuaire, une ancienne pilotine. Une embarcation qui assure la liaison entre un port et un navire pour le transfert du pilote. Versée en France pour éviter la réquisition allemande en Belgique, elle est sabordée en Gironde. Renflouée par l'armée allemande, elle est attachée à la 7ème flotille des patrouilleurs de Brest sous pavillon allemand. 48.3130774 -4.6841283.

Un navire d'avant-poste allemand (vorpostenboot) armé pour la surveillance côtière est une reconfiguration d'un ancien baleinier. L'armée allemande de la seconde guerre mondiale manque de navires de côte alors elle réquisitionne tout ce qui flotte dans la zone envahie. Les vorpostenbooten sont des bateaux civils réquisitionnés comme le furent les kriegsfischkutters dans un premier temps.


La flûte "Rhône" fait naufrage le 31 décembre 1790 et laisse derrière elle, une belle histoire de marins. 48.2748532 -4.6399641.


Le Mousse-Bihan est un chalutier coulé le 13 mars 1978 après avoir talonné au Trépied. 48.2756858 -4.6914021.


Des canons de marine du 18ème siècle au Sud de la tête du Trépied. Ce sont ceux de la frégate "Hermione"* classe Hortense de 40 canons qui par beau temps et faible voilure talonne un haut fond connu. L'Hermione, ex-La République italienne (bateau construit pour la marine italienne et réaffecté en France) commandée par le capitaine Desrotours coule le 18 août 1808 avec un équipage de 335 hommes non expérimentés. Le navire lancé en 1805, commandé alors par le capitaine Mahé, avait participé en 1805 à la bataille du cap Finisterre, à la bataille de Trafalgar et à la croisière de Lamellerie. 48.2757672 -4.6917200.

*Ne pas confondre avec l'Hermione de Lafayette.


Cimetière de Molène, une sépulture d'un passager identifié.

Les présents émanaient de la volonté de la reine Victoria elle-même et furent remis par l'ambassadeur de France au curé de Molène.

Le calice et la patène furent offerts par reconnaissance aux Molènois ainsi qu'au curé Lejeune.

La « Guild of All Souls » la Société de toutes les âmes.

Le 16 juin 1896, le paquebot à vapeur "Drummond Castle", provenant du Cap (Afrique du Sud), vers 23 heures, après une navigation hasardeuse dans le brouillard, se déchire sur les récifs entre Molène et Ouessant. Il coule en quinze minutes avec à son bord 251 personnes (147 passagers et 102 hommes d'équipage), seulement 3 survivants secourus par des pêcheurs le lendemain de la catastrophe.

Les Bretons cultivent une forte animosité envers les Anglais et pourtant une multitude de bateaux de pêche va tenter de faire au mieux avec le pire qui flotte sous les yeux des marins. Dans les jours qui suivent des cadavres dérivent et Camaret-sur-Mer connaît ses premiers naufragés inertes sur la centaine retrouvée au total.

Exemple :
Auguste Kerspern, patron pêcheur de "L'Oiseau des Tempêtes", ramène le corps d'un garçon ayant dans ses poches des pièces espagnoles.
Etienne Marie Vigouroux, patron pêcheur du "Saint-Étienne", ramène le corps d'un homme d'une quarantaine d'années portant des chaussettes avec les initiales P. K.

Rosalie Dorso prend en charge l'inhumation des malheureux alors qu'à Molène on manque de bois pour faire des cercueils.

Au Royaume-Uni, c'est l'émotion. Les journaux déclenchent une souscription pour en faire don aux Bretons. La Reine Victoria offre des financements pour différents travaux de citerne à Molène ainsi qu'une horloge indiquant l’heure solaire...

Le 29 avril 1897, M. le ministre plénipotentiaire de la reine d'Angleterre à Paris honore Rosalie Dorso, veuve du Maire Corneille Dorso, d'une nouvelle médaille d'honneur qui s'ajoute à d'autres distinctions du passé...

Les machines du Drummond Castle sont au fond entre Ouessant et Molène.

Autant d'éléments terrestres sont rares dans l'univers des catastrophes maritimes.


Un goémonier sablier, la Reine du Léon, 4 juillet 1990, coule après une voie d'eau. Le navire est chargé de goémon (laminaire). Le chalutier est construit en 1965 à Camaret, aux chantiers Keraudren. Il change de fonction et de propriétaires régulièrement. 48.2209423 -4.6517539.


Le Dalch Mad Bihen (DZ185131) chalutier de 1963 construit à Douarnenez puis transformé en fileyeur. Un plan ministériel impose une sortie de pêche. L'idée de conserver le bateau de pêche pour rejoindre un musée de la mer à Concarneau est abandonnée. Dépollué, il est volontairement coulé le 5 août 1998. 48.1901855 -4.5980646.


Le Menkalinan (DZ184748) chalutier de 1962 construit à Croix de vie. Coulé le 29 août 1986 alors qu'il transite entre Douarnenez et Boulogne. Il porte le nom d'une étoile et avait un moteur de 210CV Poyaud.


Le dundee Johannes Cornelis. 48.1256849 -4.5437284.


Deux vestiges d'un Avro Manchester Type I n° L7472 subsistent non loin de Morgat. 48.2028549 -4.4776259 & 48.2019635 -4.4771378. Tombe sur cette zone le 31/01/1942. 2 morts six prisonniers. Mission sur Brest. Histoire d'un crash...


Epave indéterminée composée d'un mât. 48.2106886 -4.4372295.

Ce pieu pourrait être allemand. Poteau d'obstacle anti-débarquement de la WW2.


Le 18 avril 2024, après plusieurs marées agitées par des vents tempétueux, une épave apparaît au pied Sud de la pointe de Lostmarc'h. Le bois découvert ne représente qu'une partie de l'épave qui semble correspondre à une jonction de quille dont la datation est inconnue. Longueur approximative : 5m. Epave découvrante : 48.211778 -4.55375.


Début avril 2024. Des scientifiques du Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines (Drassm), du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et de l'université de La Rochelle ont fait une campagne de fouilles sur la  plage du Goulien (Crozon) et de Trez-Rouz (Camaret) pour deux épaves déclarées en 2014 et rarement découvertes. Le dégraissage du moment a permis de cartographier les vestiges sur le site de Trez Rouz.


L'aviso "La Meuse" fut mis en service le 09 01 1918 – rayé le 20 12 1938. Après son affectation à la division navale de la Baltique, en 1920, il rejoint l'Ecole navale de Lanvéoc Poulmic. Il achève son service en tant que caserne flottante à Saint Nazaire pour loger les personnels travaillant sur les navires en chantier en 1937. En 1938, il revient à Brest et est voué à la démolition. Il échappe à cette échéance car la Marine Nationale s'en sert comme cible d'artillerie de marine à partir du cuirasser Jean Bart.  L'aviso escorteur est enfin coulé en baie de Douarnenez en 1954. "La Meuse" est devenu une curiosité pour les plongeurs sous-marins à 33 mètres de fond. 48.1541583 -4.4217783.


"La Perle" était un navire-école chalutier de la marine marchande pour une trentaine d'élèves officiers, construit en 1971 à Dunkerque. Revenant de Lorient, le 16 décembre 1984, il touche (il talonne) un rocher sur la Basse-Jaune au Sud Ouest du cap de la Chèvre. Il prend l'eau. "La Perle" est secouru par la SNSM qui le remorque. Malheureusement la voie d'eau est importante, il coule. L'équipage est sauf.

La navire est renfloué le 15 mars 1985 dans l'espoir d'une réparation. Il est désarmé et sabordé neuf jours plus tard en tant que récif artificiel avec "le Castel Meur" et "la Meuse" au centre de la baie de Douarnenez. 48.1536300 -4.4122217.


Le chalutier "Castel-Meur" construit en 1975 appartenant à l'armement coopératif finistérien de Douarnenez ripe et se couche sur le slipway de Douarnenez en juin 1976. En le relevant, il faut bien constater que les réparations coûteraient plus que le prix du navire lui-même. Son sort tarde à venir et ce n'est qu'une fois désarmé, qu'il est coulé volontairement le 17 mai 1984 auprès de l'aviso "La Meuse". "La Perle" fera aussi partie des récifs artificiels de la baie de Douarnenez. La faune et la flore marine y ont trouvé un état de grâce. 48.1541400 -4.4107267.


La liste des épaves est infinie d'autant plus infinie que certaines ont une histoire indéterminée et n'ont été qu'aperçue avant de s'enfouir dans le fond de l'océan. D'autres navires ont été déclarés perdus sans avoir laissé de trace... Il y a aussi les histoires à part telle que celle de la Nouvelle Espérance, un caboteur (lougre) qui se drosse sur le rocher du Lion le 29 octobre 1875, y perd sa cargaison de 94 tonneaux constituée de pierres meulières. La poupe du navire s'échoue en Rade de Brest quelques jours plus tard... Les épaves disséminées, il en existe de plus récentes. Le cargo danois Vénus transporte 350 tonnes de résidus de minerai de zinc entre Bilbao et Brême qui explosent. Un membre d'équipage meurt, les autres ainsi que le capitaine Mikkelson sont sauvés par le chalutier Pen Hir. L'épave est éparpillée.  Enfin, il y a les épaves qui émeuvent davantage comme celle du Kléber dont une victime était Crozonnaise.

Le fantôme de Landévennec : l'Armorique

Le navire Armorique est tout d'abord construit à Cherbourg et lancé en 1879 sous le nom de Mytho, nom propre indochinois qui désigne la localité de Mÿ Tho en Orient, là où ce navire de transport et hôpital (type Annamite - transport de troupes à cheval et écuries flottantes jusqu'en 1890 pour le Cochinchine) doit accomplir ses futures missions. Un voilier mixte disposant de chaudières à charbon mais dont la navigation à voile lui est possible malgré sa coque en acier à rivets et ses 105 m de long.

En 1909, après des travaux de deux ans, il est transformé en bateau école des mousses (500 jeunes marins) dont le port d'attache est Brest. Baptisé Bretagne IV de 1910 à 1912, il trouve son nom Armorique à partir de 1912 jusqu'à sa fin en 1944. Le décret du 05 juin 1856 instaure l'Ecole des Mousses à Brest sur navires au mouillage permanent, le voilier est donc immobilisé et remplace le Bretagne III.

A l'entrée en guerre en 1940, il est au mouillage à Brest. Les mousses sont embarqués en catastrophe sur le cuirassé Paris qui fait route pour l'Angleterre, le Maroc, l'Algérie, puis Toulon pour être enfin rembarqués sur l'Océan. L'Armorique ne fait pas partie des navires à saborder par la marine française à l'approche de l'armée allemande. L'Armorique est considéré comme une vieille coque encombrante. Ce fut aussi l'opinion de l'amirauté germanique qui le racheta pour 28 000 Reich marks en 1942 et le déplaça dans les méandres de l'Aulne jusqu'au cimetière de bateaux de Landévennec pour le transformer en atelier de réparations maritimes en faveur des patrouilleurs KFK.

Démâté, les voiles (2460 m²) tendues à l'horizontale, le vieux navire patiente toute la durée de la guerre sous un filet de camouflage. Août 1944, la fin des hostilités approche, les soldats allemands sabordent le navire qui coule par 22 mètres de fond juste par esprit de destruction puisque le navire est une épave.

Les plus anciens de Landévennec se souvenaient d'avoir vu dans leur enfance, par les coefficients de marée les plus bas, dépasser quelques détails du voilier qu'ils surnommaient le fantôme. La cheminée faisait peur dans la brume. L'épave est redécouverte par des plongeurs en 2007... Localisation de l'épave 48.2888450 -4.2802433.

Epave du chalutier thonier Tante-Yvonne à Postolonnec

Le Thonier Tante-Yvonne, du nom de la résistante Yvonne Le Roux, Cm 2909 des chantiers Tertu du Fret (1948) s'est brisé sur la falaise de Postolonnec après s'être libéré de ses amarres du môle du port de Morgat, le 24 décembre 1965 au soir, sous les effets d'une forte houle. Il subsiste aujourd'hui de l'épave le bloc d'un moteur Crépelle de 224 Cv.

Suite aux fortes houles venues du large et ayant subies l'étranglement de l'entrée de la baie de Douarnenez (effet venturi), la mer fait preuve d'une puissance dévastatrice. Les objets flottants se retrouvent au fond de la baie déchiquetés. Aujourd'hui encore, la plage de Postolonnec est un lieu privilégié pour voir les gerbes d'eau de mer les jours de tempête.

Un vaisseau armé en flûte accroche le rocher du Pohen

Dans la nuit du 31 décembre 1790, la gabare - armée en flûte* - "Rhône" de la marine royale française construite à Toulouse en 1781, heurte le rocher du Pohen après une trajectoire risquée à l'Est de ce récif discret mais dangereux, ceci d'autant que la tempête sévit. Le pilote a viré trop court après le Rocher du Lion pour rejoindre Brest au plus vite. Le vaisseau de marchandise reste perché sur la pointe rocheuse. Le Commandant, le lieutenant de vaisseau M. Sébire de Beauchesne paraît dépassé. Le lieutenant de vaisseau François-Hyacinthe de Bedée enlève son uniforme et se jette dans une mer déchaînée et glaciale dans les ténèbres avec une corde. Il veut atteindre les récifs du Lion à cent mètres au Sud-Ouest pour assurer, avec une poulie, un va-et-vient avec l'unique chaloupe de sauvetage du bord. Il y parvient de sorte que les marins sont acheminés grâce au cordage qui les guide. Plusieurs heures passent avant que la chaloupe emporte 70 marins dont un officier et le chirurgien de bord pour trouver des secours à Brest. Les 98 militaires restant passent 27 heures difficiles agrippés tant bien que mal  au rocher du Lion battu par la mer, il semblerait que dix d'entre-eux aient lâcher prise. Les secours arrivent enfin, c'est inespéré pour l'époque. Sept autres marins auraient été perdus à bord de la flûte dont certains éléments seront récupérés quelques mois plus tard : les mâts, les cordages, des pièces de bois... C'est "la tradition des fortunes de mer" à chaque fois que cela est possible. Le butin est revendu...

François-Hyacinthe de Bedée sera décoré de la Grand-Croix de Saint-Louis pour cet acte héroïque. En 1787, l'officier s'était déjà distingué en ayant éteint un feu qui se propageait auprès d'une charrette de 7 barils de poudre à St Brieuc. Il en fut félicité par le maire de manière officielle car tout un quartier de la ville avait été menacé par l'explosion possible et l'incendie qui s'en serait suivi. Ce brave marin semble avoir perdu sa santé après le naufrage et navigua peu.

Parmi les marins, un mousse de 13 ans qui venait d'embarquer à Lorient pour la première fois. René Constant Le Marant de Kerdaniel fait partie des rescapés et finira sa carrière au grade d'amiral après avoir survécu à un autre naufrage, été prisonnier des Anglais, participé à la bataille de Trafalgar et bien d'autres engagements mais avec aussi un pied à l'amirauté à Paris en étant l'aide-de-camp du ministre Decrès.

René Constant Le Marant de Kerdaniel aura la même distinction (dans d'autres circonstances après 10 ans de grade d'officier) mais à une classe moindre, celle de chevalier.

L'Ordre Royal et Militaire de St Louis distinguait les marins de haute volée dès Louis XIV jusqu'en 1830 sans distinction de naissance. Néanmoins comme la très grande majorité des officiers de marine était noble, la noblesse bénéficia pratiquement à elle seule de cette décoration, ce qui était le cas des deux marins de cette épopée qui appartenaient tous deux à la noblesse bretonne.

Quant au Lieutenant de vaisseau Sébire de Beauchêne, il poursuivit ses commandements de flûtes dont le "Dromadaire" de Toulon en 1791 avec des missions de transport de troupes entre Lorient et Cayenne jusqu'à devenir capitaine de vaisseau en 1793 sur la frégate "La Virginie" dès 1794. Une frégate qui tomba entre les mains de la marine britannique après un combat naval en 1796.

Dans l'épave de la flûte qui existe encore ont été retrouvées des ancres de marine dont une en pierre. Elles devaient être livrées pour des frégates de Brest. La pierre était une fabrication économique que quelques patrons pêcheurs appréciaient jusqu'à l'après guerre.

* Les flûtes ou fluttes sont des navires de commerce d'origine hollandaise du 17ème siècle. Des vaisseaux "bas de gamme mais solides" en sapin chevillé de bois, construits rapidement de manière économique sans pièce métallique pratiquement qui en cas de guerre sont immédiatement transformés en vaisseaux de ligne avec des canons (une vingtaine en moyenne). Moins d'équipage, plus rapides que les navires en chêne, ce type d'embarcation va devenir une tendance maritime européenne au 18ème siècle. Sur l'océan se croisent des centaines de flûtes qui transportent le vin, les prunes, le coton... et qui une fois rentrées au port, en cas de conflit, sont armées de canons de marine rapidement, il suffit de les embarquer, les emplacements sont prévus.

L'expression "armée en flûte" veut dire que le vaisseau est dépourvu des batteries principales de canons (les plus gros calibres sur les ponts inférieurs) pour faire place à de la troupe, c'était le cas du "Rhône" qui transférait des militaires de Lorient à Brest.

Au 18ème siècle, les flûtes peuvent être d'anciens navires proche de la réforme dont la mission est le transport de troupe et non les batailles navales, ce peut être aussi celle d'hôpital flottant. Des flûtes étaient construites de manière spécifique pour le transport de mâts par exemple. Ce transport nécessitait des flûtes très nettement allongées.

Planches de bois découvrantes à la plage de l'Aber Est

Epave découvrante : 48.2301000 -4.4398700.
Structure/planches découvrantes. 48.2296910 -4.4398900.
Plage de l'Aber Est.

En premier plan, un vestige de tétraèdre anti-débarquement de la seconde guerre mondiale.

Suite à un démaigrissement de la plage de l'Aber Est à l'estuaire détourné du ruisseau éponyme, une structure rectangulaire en bois (10 m x 3.4m) émerge du sable.

La forme et le montage ne ressemblent pas à celui d'une épave de bateau et fait penser à un caisson de digue ou une sorte de duc d'albe. Une grande caisse de bois chargée de pierres pour un ponton stable et non immergé à marée haute...

En 1982, un treuil avait été découvert sur zone.

Historiquement, il y eut une tentative d'endiguement afin de protéger le petit port de pêche de l'Aber aujourd'hui disparu. Il y eut ensuite une expérience similaire de la part de l'armée allemande en 1942. Cependant les pierres anguleuses de calcaire jaunâtre présentes sur place peuvent être en lien avec le four à chaux de Rozan qui se trouve en amont du ruisseau au cœur du polder et de la réserve naturelle. Cette structure aurait peut-être facilité des chargements pour des embarcations destinées au four à chaux de Penhars en Quimper au 19ème siècle...