Chaque marée apporte son sable en été.
L'Oyat fixe le sable aérien qui tombe en pluie fine.
Le matériau de base de l'ensablement : le sable coquillier.
Pointe d'Ar Garreg Zu.
La falaise de Kersiguénou ainsi que les autres falaises hautes de proximité contribuent à l'ensablement de la zone par leur propre érosion pour à peine 15%.
L'anse de Dinan est un milieu fermé avec la pointe de la Tavelle au Nord et la Pointe de Dinan au Sud, le sable qui y pénètre est envoyé sur le rivage Est et s'y accumule surtout à la saison estivale.
Un ruisseau après une période de forte pluviométrie, chasse le sable au pied Sud de la Pointe d'Ar Garreg Zu, c'est la seule zone de l'anse de Dinan peu concernée par l'engraissement.
Prélèvement hivernal de la mer. Erosion apparente seulement.
La plage de Kersiguénou.
Le chemin emprunté par les randonneurs correspond au trait de côte de la fin du 18ème siècle environ. Le chemin de front correspond au trait de côte de 1960 environ. Sous le sable des dunes des schistes dits du groupe de Douarnenez que l'on retrouve au Portzic / Morgat, Telgruc-sur-Mer et bien évidemment à Douarnenez. Une roche primaire des plus anciennes issue de la compression de fonds marins ayant un âge respectable de -600 millions à -540 millions d'années – Protérozoïque. Une période préalable à la vie qui permit le développement d'organismes multicellulaires. Le sable qui s'accumule sur cette roche se solidifie actuellement et deviendra une nouvelle strate. Il suffira de vérifier l'évolution dans quelques millions d'années pour en être sûr. Quoiqu'il en soit, la roche noire du sous-sol fut un fond d'océan puis une montagne quand le niveau de la mer avait sévèrement baissé. L'érosion aérienne et météorologique a créé ce plateau de schiste (roche sédimentaire). Depuis le niveau de la mer est remonté pour effacer toute prétention montagneuse.
Le facteur vent, l'effet éolien de l'engraissement.
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Des sables marins circulent dans les courants littoraux
et se trouvent à l'entrée de l'anse de Dinan qui ne dispose pas de courant
de dérive violent de sorte que ce sable transporté entre dans l'anse et
se dépose sur le rivage avec pour seule contrariété la pointe d'Ar Garreg
Zu, au centre qui sert de fixateur. Certains sables viennent du Toulinguet,
d'autres du Cap de la Chèvre, le tout en fonction des saisons, de la houle,
etc. L'ensablement des plages de Kersiguénou et du Goulien ainsi que dans
une moindre mesure du Kerloc'h (à cause du ruisseau) n'apparaît pas de
façon évidente à l'œil des promeneurs qui constatent, surtout en hiver,
d'important prélèvements des dunes littorales grignotées par des marées
à forts coefficients. Les dizaines de mètres cube « avalés » par la mer
en ces épisodes extrêmes ne remettent pas en question les apports discrets
quotidien tout au long de l'année. Le vent et la dérive littorale (modeste) travaillent
sans relâche chaque jour de manière quasi invisible.
L'érosion des falaises voisines bien qu'existante ne fournit pas assez
de sable par l'usure des rochers, des pierres et des galets. Cet engraissement
provient des coquilles de coquillages morts qui se désintègrent mécaniquement
au fond de la mer. Les marées font parcourir chaque particule de coquillage,
en l'usant sur des centaines de mètre avant de les laisser sur la plage.
A marée basse, le vent les soulève si elles sont sèches et les déposent
à minima au pied de la ligne de dune. Si le vent est violent, les bris
de coquillage sont emportés dans la végétation de l'arrière dune. Les
sables émanant de coquillages lourds tels que les bucardes (31%) se trouvent
au Sud de la plage de Goulien. Au Nord de la plage de Kersiguénou, ce
sont les débris coquilliers des lutraires (10%) qui sont majoritaires.
Les coquillages plus fragiles tels que les donax (29%), tellines, couteaux
et moules (8%) se retrouvent au centre dans le périmètre de la Pointe
d'Ar Garreg Zu. Par contre ce sont les coquillages légers qui fournissent
un sable d'une granulométrie d'1mm (moyenne) alors que les coquillages
lourds fournissent un sable plus fin jusqu'à 0,165mm.
Cette avancée rocheuse modeste, bloque sur sa façade Nord les apports
de sable venus des pointes de Pen Hir et de la Tavelle et bloque sur sa
façade Sud les sables venus de la pointe de Dinan. On retrouve cette situation
d'ensablement par blocage de la dérive littorale au port de Morgat à cause
de la digue artificielle. Le seul élément perturbateur est le ruisseau
dont l'estuaire est sur le flanc Sud de la pointe d'Ar Garreg Zu. Lors
de ses forts débits, il emporte du sable sur 80 cm d'épaisseur vers la
mer qui le rechargera dès que le ruisseau sera plus calme.
Des micros-organismes sont aussi un matériau constitutif des dunes en
formation. Les micro-organismes contribuant à l'ensablement de l'anse
de Dinan sont les naissains lamellibranches, gastéropodes, ajoutés aux
ostracodes, foraminifères, bryozoaires, hermelles, serpules...
L'accumulation de sables sans cesse renouvelés constitue une barrière
naturelle à l'érosion maritime. Sans cela, la mer pénètrerait la zone
sur plusieurs centaines de mètres. En cas de disparition des coquillages,
qu'adviendrait-il ? La stabilité de la température de l'eau de mer et
l'absence de pollution sont des facteurs déterminant pour que rien ne
change.
Quelques tétraèdres anti-débarquement ensevelis de la seconde guerre mondiale
montre l'accumulation de sable depuis 1944, plus d'un mètre d'épaisseur
sur toutes les plages.
Sans ce sable, pas de dune. Le trait de côte serait une falaise sablo-argileuse
issue du dégel après la dernière glaciation. Cette falaise dite morte
aujourd'hui, existe mais ne se voit plus sous le sable. La seule période
d'interférence à cet élan continuel d'engraissement date de la période
des carrières
de sable dont le plus haut de l'activité se situe en 1909. Les prélèvements
d'origine humaine avaient perturbé le cycle. Ces carrières une fois abandonnées,
l'ensablement avait repris son cours. Le seul phénomène qui puisse interrompre
le cycle actuel serait la montée du niveau moyen de l'océan, ce qui est
en cours.